Alors que l’agence de détectives dans laquelle il travaillait ferme ses portes, le narrateur, un certain Guy Rolland, décide de partir à la recherche de lui-même. Car ironie du sort, une amnésie partielle l’empêche de se souvenir du passé et donc de savoir qui il est. Durant tout le livre, nous allons suivre l’enquête et la recherche d’identité de Guy, à travers des lieux essentiellement parisiens et des témoins qui l’ont peut-être connu dans le passé.
C’est le premier Modiano que je lis, attiré par la réputation de l’auteur, par son récent prix Nobel et par la fascination de Galéa pour cet auteur.
J’avoue que j’y allais avec un peu de réticence et au final, j’ai beaucoup aimé cette lecture.
C’est un véritable jeu de piste que propose Patrick Modiano avec un balisage suffisant pour ne pas perdre le lecteur. Il y a un vrai suspens jusqu’à la fin, laquelle ne m’a toutefois pas convaincue. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans X files, mais dans une enquête se passant à Paris dans les années 50 et 60. Comme l’agent Fox Mulder (l’un de mes frères d’armes virtuels…), Guy Rolland est en quête de vérité, cette quête est obsessionnelle, jamais terminée, jamais satisfaisante et jamais totalement claire. L’existence est fragile, trouble, inconsistante…
» Drôles de gens. De ceux qui ne laissent sur leur passage qu’une buée vite dissipée…ils surgissaient un beau jour du néant et y retournent après avoir brillé de quelques paillettes. Reines de beauté. Gigolos. Papillons. La plupart d’entre eux, même de leur vivant, n’avaient pas plus de consistance qu’une vapeur qui ne condensera jamais. «
Il règne en effet, un brouillard opaque sur la recherche d’identité du narrateur, que Modiano compose à merveille à travers ses évocations de vieux appartements, de rues sombres de la capitale, de vieux bureaux et de bottins poussiéreux. On devine petit à petit que l’origine de ce brouillard est l’occupation mais Modiano n’est volontairement pas clair sur cette question là. Rue des boutiques obscures a un côté inquiétant et oppressant et la géographie de Paris renforce ce côté là.
» Je crois qu’on entend encore dans les entrées d’immeubles l’écho des pas de ceux qui avaient l’habitude de les traverser et qui, depuis, ont disparu. Quelque chose continue de vibrer après leur passage , des ondes de plus en plus faibles, mais que l’on capte si l’on est attentif. «
J’ai été frappé par le style d’écriture. Il n’a rien d’ exceptionnel ni de très recherché d’un point de vue littéraire, mais il est très particulier. C’est un style minimaliste, avec souvent des morceaux de phrases, des descriptions qui peuvent sembler dépourvues de sentiments. Et pourtant, j’ai dévoré Rue des boutiques obscures et il faut être fort pour captiver le lecteur avec si peu de choses. C’est un véritable univers, désuet, habité par l’auteur que j’ai découvert dans ce livre.
Au final, je ne saurais pas exactement dire pourquoi, j’ai envie de lire un nouveau roman de Modiano et de poursuivre cette expérience de lecteur qui m’a enchantée.
Et pour clore cette chronique, voici les trois dernières phrases du roman…très significatives à mes yeux.
» Une petite fille rentre de la plage, au crépuscule, avec sa mère. Elle pleure pour rien, parce qu’elle aurait voulu continuer de jouer. Elle s’éloigne. Elle a déjà tourné le coin de la rue, et nos vies ne sont-elles pas aussi rapides à se dissiper dans le soir que ce chagrin d’enfant ? «
c’est un excellent roman : complet et parfait ! bisous
Je vais poursuivre ma découverte de Modiano dans les prochains mois, c’est certain…:D
Sais-tu que tu viens de me donner envie de le relire ? J’avais adoré, et j’en ai aimé beaucoup d’autres de cet auteur. Il faut beaucoup de talent pour donner à penser que l’écriture est simple, alors qu’elle est très travaillée.
J’aime beaucoup ta comparaison avec Fox Mulder ! 😉
La comparaison vaut ce qu’elle vaut mais j’y ai retrouvé un peu de cette ambiance là. Alors toi aussi tu apprécies Modiano ??
Pour moi cette chronique est un vrai bonheur, nous avons exactement la même lecture de Modiano, ce qui me réjouit plus que je ne saurais le dire. Je souscris à tout ce que tu dis: l’écriture épurée et pourtant si particulière, le flou persistant qu’on n’aime ou qu’on n’aime pas …et toi tu as aimé, et c’est formidable.
Bref, je suis heureuse.
Oui, j’ai aimé, ce n’est pas le coup de coeur, mais je suis conquis et je vais poursuivre ma découverte ! A suivre donc !!
Ben malgré ton enthousiasme je ne suis pas convaincu et ce n’est sans doute pas encore, demain que j’ouvrirai un Modiano. Je me sens encore trop jeune pour ça 😀
Tu as raison, attends d’être marié, tu feras alors la lecture à ta dulcinée…faudra bien occuper les journées.
Ceci dit, j’ai été positivement surpris par Modiano, je suis heureux d’avoir aimé !
Des ruelles obscures… Et comment tu fais pour ne pas te perdre dans le quartier?? 😉
hé hé hé…joli !! 😀
Je n’ai pas lu de Modiano. Je suis assez mitigée de m’attaquer à un tel monument, mais tu m’a donner envie de franchir le cap. Je le note!
Allez c’est l’occasion ou jamais…un Nobel français, c’est pas tous les jours !
Il est dans ma pal ! je n’ai lu de Modiano que « de si braves garçons » et sans me vraiment me rappeler l’histoire, cela m’a suffisamment marquée pour que je me souvienne du nom du livre et de son auteur, le récent prix donne certes envie d’aller plus loin dans sa découverte.
Je ne connais pas ce titre là mais je suis loin d’être un connaisseur de Modiano. Tout ce que je peux dire c’est que j’ai passé un bon moment à le lire et que je l’ai lu très vite… 😀
Ma seule lecture de Mondiano était Dora Bruder et ça m’a laissée de marbre, voire carrément ennuyée … mais je ne m’avoue pas vaincue, parce que je veux comprendre le Nobel et la fascination de Galinette !!! Rue des boutiques obscures est justement le second que j’envisage …
Il n’est pas impossible qu’il te laisse de marbre également mais tu as raison d’essayer, parfois avec un angle de vue différent ou un autre moment les choses sont différentes. Pour la fascination de Galinette, bah je ne sais pas…elle est un peu bizarre comme fille non ?? 😀 😀 😀
J’ai lu, il y a une vingtaine d’années « Voyage de noces ». Je voulais rencontrer l’auteur que Mister B. aimait… Je me souviens que j’avais trouvé l’histoire étrange et l’écriture très belle. J’ai voulu le relire avec le blog et au final, c’est resté sur l’étagère. Je vais voir ce titre, nous devons l’avoir…
Voyage de noces n’est pas dans les plus connus, enfin je le pense. Allez hop, va chercher dans tes étagères bien rangées et zou…tu nous diras si tu le lis ! 😀
Le seul Modiàno qui me reste en mémoire. Que j’ai aimé, dans ce souvenir… Mais pourquoi n’en ai-je pas relu depuis ? Hormis celui que je n’ai pas pu finir en décembre dernier ? Mystère. Peut-être que le lecteur est moins perdu dans ses premiers livres, ses premières déambulations litteraires et parisiennes puisqu’elles posent les bases de l’Oeuvre ? Il faut aimer sa musique d’ambiance , invariable et familière. J’ai acheté Dora B. Je verrai avec ce dernier si ça prend ! 😉. Ça fait plaisir de te voir enthousiaste ! 😄. Bises Poussin médianesque.
Dora B est semble t-il un live clé chez Modiano. Je ne suis pas encore un converti mais qui sait, peut être que le deuxième me donnera envie d’un troisième…bises et belle journée.
Coucou Mind
Tu en parles très bien de ce livre …
J’avais beaucoup aimé et je me souviens de cette histoire comme si je l’avais lu hier ….
Bonne journée 🙂
Alors c’est qu’il t’a quand même maqué cet auteur, drôle d’impression en ce qui me concerne, faut vraiment que je relise un titre de lui.