Alors que Blanche prend le train pour rejoindre sa fille Violette et se réconcilier avec elle , elle nous livre l’histoire de sa famille le temps du trajet, en relisant des cahiers moleskine dans lesquels elle a gravé cette histoire pour la transmettre à Violette.
Et l’histoire de Blanche, c’est un père qu’elle n’a pas connu, Angèle, une mère maniaco-dépressive mais aimante, et Justine et Babé, ses deux tantes , deuxième et troisième mère pour Blanche.
La passé de la narratrice et l’hérédité familiale c’est l’absence des hommes, la défection des mères, le clan des femmes, soudées pour vivre, grandir et prendre leur envol.
Dit comme ça, on n’a pas forcément envie de se ruer sur » Ce que je peux dire d’elles « et pourtant le livre de Anne Icart , dont c’est le premier roman sorti en 2012, est presque un coup de coeur. J’ai été touché du début à la fin par ce récit émouvant et sensible, ancré dans une réalité magnifiquement restituée par l’auteur. J’ai tout le long eu l’impression de lire une histoire vraie de A à Z, avec des personnages tellement vivants et bien construits qu’on a presque l’impression de faire partie de la famille de Blanche.
Ce livre qu’il convient parfois de lire avec un paquet de Kleenex mais qui ne fait pas pourtant pas dans le pathos est une fresque de vie remplie d’humanité et de petites ou grandes bancalités.
Le chagrin est pervers. Il fait croire à ceux qu’il touche que la grandeur d’âme se mesure à la capacité que l’on a de vivre avec le malheur.
Les thèmes de l’hérédité familiale, de la femme, du féminisme, de la maternité, de l’absence, du deuil, des changements de générations ( de la grand mère de blanche, la Mémé qui a élevé ses petites à 65 ans passés, à son petit fils).
Qu’est ce que la vie ne leur a pas appris jusqu’à présent. Certainement pas à s’arrêter aux carrefours, sur des pierres tombales usées et sur les regrets. A chaque mort correspond une vie.
L’histoire se déroule à Toulouse à la période d’âge d’or de la confection et de la couture dans la ville rose, et forcément les lieux me parlent .
J’ai aimé la façon de raconter et le style de Anne Icart, qui ne donne jamais de leçons, ne juge personne, ne dénigre personne même si elle a voulu rendre hommage avant tout aux femmes, aux mères et à la femme en général.
Il va falloir grandir encore. Même si cette fois, ce n’est pas triste. On sait remettre les événements à leur juste place. Mais grandir, c’est décidément voir partir quelqu’un qu’on aime. Grandir c’est forcément être orphelin de quelque chose
On aime toujours son père, même si c’est un salaud ou un lâche. Même si on ne le connaît pas. Mais pour rien au monde elle ne voudrait remonter le temps. Le passé est ce qu’il est. Quand il est manqué, il est manqué. La seule chose que son père lui ait offerte, c’est son conte de fées.
Il faut lire le roman pour comprendre de quel compte de fées il s’agit, d’ailleurs les fées sont présentes tout au long du livre…
Ce livre est vraiment un quasi coup de coeur, j’ai juste été gêné par le premier chapitre ou il y a tous les personnages qui rentrent en scène au même moment ce qui m’a un peu perdu. Et puis la fin est trop rapide, il manque 100 pages à mon avis, ce qui est plutôt un bon signe !
J’ai parfois pensé à » Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan.
Je relirai Anne Icart, qui a déjà publié deux autres titres depuis » Ce que je peux te dire d’elles » et je suis ravi d’avoir découvert ce livre, grâce à La Douce qui l’a adoré…
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.