Ben figurez-vous que lundi dernier je rentrais d’un week-end à Dublin…il faut bien revenir pour pouvoir partir mais les retours sont de plus en plus difficiles avec le temps…les départs aussi avec l’âge (warf j’en rajoute un peu là…) quand le pilote pose les roues de l’avion sur le tarmac, cela me donne envie de remettre les gaz !
Et donc ce lundi soir, je suis tombé devant un reportage sur les 40 ans de carrière de Renaud et je l’ai regardé. La télé est un mal nécessaire, comme le football, essayez d’imaginer ce que serait la vie dans notre société sans la télé, le foot et (les films porno)…ou plutôt n’essayez pas, vous allez avoir peur !
Mais je sens que je dérive de mon sujet : Renaud ! Je connais ses chansons les plus célèbres, j’ai deux albums je crois, dont une compil, bref je ne suis pas ce qu’on appelle un fan mais j’apprécie le personnage depuis toujours et j’ai l’impression de l’avoir toujours connu avec son franc-parler de franc-tireur. C’est qu’il s’est permis pas mal de mots et de bons mots pour dégommer la connerie humaine et la méchanceté crasse de l’homme en particulier. Surtout dans ses premières chansons que je connais très peu.
Ce serait aujourd’hui, ses textes pourraient être censurés…le rap est passé par là depuis les années 90. Lisez donc ce texte après la phrase qui suit (Où c’est que j’ai mis mon flingue)
Et d’ailleurs j’en profite pour le publier ce texte avant que nos blogs soient espionnés par les pouvoirs publics, car autrement je serais cuit, catalogué dans les terroristes potentiels à surveiller, les ennemis de la République…
J’veux qu’mes chansons soient des caresses
Ou bien des poings dans la gueule,
A qui qu’ce soit que je m’adresse
J’veux vous remuer dans vos fauteuils.
Alors, écoutez-moi un peu,
Les pousse-mégots, et les nez d’boeufs,
Les ringards, les folkeux, les journaleux.
D’puis qu’y’a mon nom dans vos journaux,
Qu’on voit ma tronche à la télé,
Où j’vends ma soupe empoisonnée
Vous m’avez un peu trop gonflé.
J’suis pas chanteur pour mes copains,
Et j’peux être teigneux comme un chien.
J’déclare pas avec Aragon,
que l’poète a toujours raison.
La femme est l’avenir des cons
Et l’homme est l’avenir de rien.
Moi, mon av’nir est sur le zinc
D’un bistrot des plus cradingues
Mais bordel !
Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?
J’ai mis la main sur ma flingue !
J’vais pas m’laisser emboucaner
Par les fachos, par les gauchos,
Tous ces pauv’ mecs endoctrinés
Qui foutent ma révolte au tombeau.
Tous ceux qui m’traitent de démago
Dans leurs torchons qu’j’lirai jamais :
« Renaud c’est mort, il est récupéré ».
Tous ces p’tits bourgeois incurables
Qui parlent pas, qu’écrivent pas, qui bavent
Qui vivront vieux leur vie d’minables
Ont tous dans la bouche un cadavre.
T’t’façon, j’chante pas pour ces blaireaux
Et j’ai pas dit mon dernier mot.
C’est sûr’ment pas un disque d’or
Ou un Olympia pour moi tout seul
Qui me feront virer de bord
Qui me feront fermer ma gueule.
Tant qu’y’aura d’la haine dans mes s’ringues
Je ne chant’rai que pour les dingues
Mais bordel ! Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?
Y’a pas qu’les mômes, dans la rue,
Qui m’collent au cul pour une photo,
Y’a même des flics qui me saluent,
Qui veulent que j’signe dans leurs calots.
Moi, j’crache dedans, et j’crie bien haut
Qu’le bleu marine me fait gerber
Qu’j’aime pas l’travail, la justice et l’armée.
C’est pas d’main qu’on m’verra marcher
Avec les connards qui vont aux urnes
Choisir clui qui les f’ra crever.
Moi, ces jours-là, j’reste dans ma turne.
Rien à foutre de la lutte d’crasses
Tous les systèmes sont dégueulasses !
J’peux pas encaisser les drapeaux
Quoi qu’le noir soit le plus beau.
La Marseillaise, même en reggae,
Ça m’a toujours fait dégueuler.
Les marches militaires, ça m’déglingue
Et votr’ République, moi, j’la tringle
Mais bordel ! Où c’est qu’j’ai mis mon flingue ?
D’puis qu’on m’a tiré mon canif
Un soir au métro Saint-Michel
J’fous plus les pieds dans une manif
Sans un unchak’ ou un coktail.
A Longwy comme à Saint-Lazare
Plus de slogans face aux flicards
Mais les fusils, des pavés, des grenades !
Gueuler contre la répression
En défilant « Bastille-Nation »
Quand mes frangins crèvent en prison
Ça donne une bonne conscience aux cons
Aux nez-d’boeux et aux pousse mégots
Qui foutent ma révolte au tombeau.
Si un jour j’me r’trouve la gueule par terre
Sûr qu’ça s’ra d’la faute à Baader.
Si j’crève le nez dans le ruisseau
Sûr qu’ça s’ra d’la faute à Bonnot.
Pour l’instant, ma gueule est sur le zinc
D’un bistrot des plus cradingues,
Mais faites gaffe ! J’ai mis la main sur mon flingue !
Allez, ça envoie et cela a dû faire bien des grincheux…à l’époque de sa sortie, en 1980 !
Aujourd’hui, plus de signes de Renaud depuis 2008, date de son dernier Album. On sait qu’il alterne les périodes d’alcoolisme et de sevrage (disons le ainsi). A priori, le reportage de France 3 laissait entendre qu’il était en période de sevrage mais qu’il avait choisi de se taire, qu’il n’avait plus rien à dire. Et si seulement ceux qui n’ont rien à dire la bouclaient , qu’est ce que ce serait bien chez les chanteurs et les chanteuses.
Renaud se serait retiré du monde…serait-il allé s’exiler au fin fond de l’Irlande ? Pas sur…en Angleterre il l’a déjà fait… probablement qu’il en eu assez d’essayer de faire changer le monde, il a dû revenir de ses utopies et doit pas être fier de lui ni du monde qui attend son jeune fils de 9 ans…
La solution ultime , c’est se retirer carrément de la vie…comme le font les hommes et les femmes des monastères . Moi qui ne crois en rien, je suis fasciné par ces vies d’ascètes , qui se contraignent à ne plus vivre pour ne plus penser donc ne plus souffrir, en s’enfermant dans un monde qui n’existe pas, seulement dans les murs de leur monastère. Et si elle était là la vraie utopie et la seule réalisable aujourd’hui…à condition de mouiller sa tunique ?
Alors en espérant que Renaud ne parte pas en retraite définitivement, je lui souhaite avec un peu de retard un bel anniversaire…
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