De George Sand, (de son vrai nom Amantine Aurore Lucile Dupin, baronne Dudevant) je connaissais seulement des passages de ses correspondances avec Alfred de Musset et quelques bribes de sa vie , notamment son côté avant-gardiste et défenseur de la femme.
Aujourd’hui j’en sais davantage, depuis que j’ai visité sa demeure située dans le fin fond du Berry, à Nohant-Vic. J’ai pu voir le parc où elle se promenait, la cuisine ou les domestiques s’affairaient sur l’un des premiers fourneaux modernes de l’époque.

Mais surtout, j’ai pu voir la chambre bleue, où elle dormait, la chambre où Chopin résidait et composait lorsqu’ils se fréquentaient , et ce boudoir de poche dans lequel George Sand écrivait, frénétiquement, souvent tard le soir.
Et j’ai appris que George Sand écrivait énormément, un peu à la chaine, pour gagner de l’argent afin de parvenir à son indépendance financière et divorcer de son mari de l’époque. Une auteur qui a rencontré le succès dès ses premiers écrits, (le premier signé sous son pseudonyme date de 1832, celui sous son nom initial de 1829) et qui pouvait publier de 1 à 5 livres par an en comptant tous les genres littéraires auxquels elle s’intéressait, une auteur qui semble t-il écrivait en deux temps et trois mouvements des livres parfois à la commande…
George Sand était également journaliste et critique littéraire, elle a fréquenté tous les grands noms de son époque en terme de littérature, notamment à Paris où elle résidait la moitié de l’année.
Et lorsqu’elle était au château de Nohant-Vic, comme malgré tout , on s’ennuyait le soir dans ce coin perdu de la France , surtout l’hiver, les habitants avaient créé deux théâtres, l’un de personnages réels, avec scène, décors, costumes, et l’autre de marionnettes.

Et bien entendu, j’ai eu envie aussi de découvrir l’un des 85 romans publiés de George Sand…et parmi ce vaste choix, la Comtesse du Berry, lointaine parente de la Baronne Dudevant, m’a offert Jean de La Roche, paru en 1859.
Jean est un jeune comte sans fortune. De retour de Paris après une vie dissolue, il revient au domaine familial, situé en Auvergne, vit avec sa mère, et tombe éperdument amoureux de Love Butler, une énigmatique jeune fille anglaise de 16 ans, en villégiature dans ce coin perdu d’Auvergne.
« Elle était remarquablement jolie… Sa personne offrait des contrastes et de ces contrastes naissait précisément une harmonie charmante. Elle était plutôt petite que grande, mais elle paraissait grande ; cela provenait de la délicatesse de sa face, de l’attitude élancée de son cou, et de la ténuité élégante de ses formes, à la fois rondes et allongées. Elle me rappela certains bronzes antiques, plutôt égyptiens que grecs, qui semblent avoir servi de type à une époque de la statuaire française… Elle pouvait se passer d’avoir un joli visage. Sa personne seule constituait une beauté de premier ordre. »
Jean se fait accepter par le père de Love et Love elle même, qui lui promet alors de l’épouser. Mais Love à un jeune frère, Hope, lequel est jaloux compulsif de Jean et se met à dépérir tragiquement…jusqu’à ce que sa soeur revienne sur sa parole, ayant juré à sa mère sur son lit de mort, de s’occuper du bonheur de son père et de son frère.
Fou de chagrin, Jean de la Roche, part courir le monde et revient cinq ans plus tard, guéri…mais guérit-on de se genre d’amour?
« J’avais vingt-sept ans, et je vivais avec cette blessure, qui saignait de temps en temps d’elle-même, et que de temps en temps aussi je rouvrais de mes propres mains, pour ne pas la laisser guérir. »
Au début du livre, j’avoue avoir eu du mal avec les mots de George Sand, les imparfaits du subjonctif et le coté plutôt descriptif. L’histoire est longue à se mettre en place.
Et puis, peu à peu, les personnages prennent corps et ils sont très accrocheurs, les sentiments prennent place et la passion est présente tout le long du récit. Car, oui il s’agit d’une histoire passionnelle et George Sand, était l’une des rares auteurs de l’époque (et même d’autres époques) à encenser la passion amoureuse, à encourager la femme à la vivre pleinement.
Le récit est rythmé jusqu’à la fin, avec en prime un joli portrait naturaliste de la campagne française et de certaines classes sociales de l’époque, avec en filigrane la question de l’érudition et de l’éducation. Il y a au final beaucoup de romanesque, un peu de romantisme et un rappel du message favori de l’auteur sur la condition de la femme et le mariage d’amour ou de raison.
Et comme ce livre a été choisi et offert par Syl (que je remercie et embrasse à cette occasion), pour celles qui la connaissent, vous devez avoir une petite idée de la fin du livre que je ne dévoilerai pas, mais sachez néanmoins que cela ne se termine ni en suicide collectif ni en bain de sang.
Au final, j’ai pris du plaisir à découvrir Jean de la Roche, ce titre peu connu de George Sand (il y en beaucoup vu la masse de livres publiés) qui m’a replongé dans une histoire d’amour tourmentée comme je les apprécie.

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