Jeu concours de Noël du blog de Mind The Gap

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Chose promise, chose due, voici le jeu de Noël 2015 pour les lecteurs et lectrices du blog ! Voici donc ce que je vous propose cette année.

  • Tout d’abord, il faut vous inscrire en commentant cet article avant le 7 novembre, tout le monde peut participer, je vous attends nombreux et surtout nombreuses.

 

  • Il y aura, sur un mois environ , 4 articles avec à chaque fois une énigme à résoudre à l’aide d’indices. Il s’agira de trouver un artiste, une chanson, un lieu, un livre…je ne sais quoi encore. Vous aurez une semaine pour me donner par mail votre réponse à l’énigme. Je donne le résultat de la première énigme (et les personnes qui  l’ont résolue) lors de l’article ou je présente la deuxième énigme et ainsi de suite.

 

  • A la fin de la quatrième énigme, chaque participant aura donc  entre o et 4 chances de gagner, en fonction du nombre d’énigmes pour lesquelles il aura  trouvé la bonne réponse : une énigme résolue = une chance de gagner.

 

  • Un tirage au sort sera fait par La Douce, et il y aura 2 gagnants parmi tous les participants. Les lauréats gagneront 2 petits colis de Noël avec des gourmandises, babioles et surprises  » made in London », étant donné que nous allons à Londres un week-end en  décembre.

 

  • Le résultat du jeu sera donné avant  le 10 décembre sur le blog et les 2 gagnants recevront leur cadeau avant Noël !

Voilà, c’est simple non  ??  Allez on s’inscrit illico presto en commentant l’article ! A très vite pour la suite !

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L’atelier des morts de Daniel CONROD (2015)

atelier des morts

Il y a 550 livres qui sortent à la rentrée littéraire de septembre et environ 500 sortent sans que personne ou presque n’en parle. Les médias parlent des auteurs les plus attendus et les plus connus, et les blogs littéraires parlent un peu des mêmes, ou des livres qu’ils reçoivent en service de presse. C’est ainsi.

L’Atelier des morts, je l’ai acheté le jour où je suis allé à la librairie pour me procurer le nouveau Delphine de Vigan, comme ça, juste en lisant la quatrième de couverture, en lisant deux ou trois pages pour voir le style de ce parfait inconnu (qui bosse à Télérama, comme quoi, je suis pas rancunier quand même…)  et aussi parce que Buchet Chastel est l’éditeur de Blondel, une maison qui ne fait pas grand bruit mais qui avance, et enfin parce que j’ai pensé à l ‘Atelier des miracles de Valérie Tong Cuong, qui fut à l’époque un coup de coeur.

Hé bien, le livre de Daniel Conrod, est également un coup de coeur, je l’ai lu deux fois de suite, pour être bien imprégné de cette histoire et de ce court texte (190 pages petit format) , et pour être sur de moi.

Mais de quoi s’agit-il ?

La narrateur (qui a plus de 50 ans, probablement 60 c’est la seule chose que l’on sait) s’adresse à cinq disparus, les morts de sa famille, à travers cinq monologues, comme des lettres écrites aux défunts, dans lesquelles le narrateur les apostrophe en les tutoyant.

Il y a tout d’abord le frère aîné, disparu à  50 ans mais dont l’existence était déjà mortifère. Ensuite, il y a la mère, disparue prématurément lorsque le narrateur était encore gamin. Vient ensuite, le père, qui sema le malheur tout au long de sa longue vie. Enfin, il y a l’oncle, la personnalité de la famille que l’on cache et encense en même temps, un prêtre érudit et brillant qui devint collaborateur pendant la guerre. Je ne dévoile pas qui est le cinquième mort de cet atelier, auquel le narrateur s’adresse, comme ici à sa mère :

 » Tu es ma mère. Ce pourrait être une convention ou un conte. A mes yeux, tu es un océan d’absence et de silence, un invisible fardeau. Tu pourrais être une hypothèse. »

 » Marie M, tu es une morte d’exception, sans passé, sans présent, sans avenir, inspirant aux vivants un chagrin sans objet, sans feu ni lieu. L’exaltation de ta mort glorieuse a rendu toute peine inutile. Et il faudrait accepter ça sans hurler ? »

Ce qui m’a touché dans l’ Atelier des morts, c’est que l’intention de l’auteur est de solder les comptes entre les morts et les vivants de la famille, briser les non dits, non dans un but de revanche ou de réglage de compte, mais dans un but de vérité et d’apaisement. Libérer les morts pour libérer ceux qui restent en quelque sorte.  Au final, l’Atelier des morts dresse le portrait d’une famille française, comme bien d’autres, confrontée à la difficulté de vivre, aux manques, aux deuils et à l’amour aussi.

 » Pourrais-tu me dire pourquoi si souvent, les gens préfèrent mourir plutôt que parler ? »

Daniel Conrod évite le pathos et le piège du règlement de comptes, même si certains passages sont durs , dans le sens où il n’est pas facile de s’adresser à des disparus sans complaisance, avec lucidité et honnêteté.

« Sur ton lit de mort je ne t’embrasse pas. Je te regarde fixement. Il me faut te le dire en face, je ne t’embrasserai pas, l’articuler d’une voix haute et claire. Etre face à toi l’homme que tu n’as jamais pensé que j’étais ni ne serais jamais. A tes yeux, sous tes yeux, je n’étais pas un homme, cela ne se pouvait pas. Jeanne me dit, tu n’embrasses pas ton père ? Je lui réponds, non je n’embrasse pas mon père. Elle dit, il t’aimait tu sais ! Je réponds, peut-être. Elle n’insiste pas. Je reste debout. Mon esprit s’échappe. La pensée insistante que je ne serais pas un homme selon toi… »

Le narrateur s’efface devant ces cinq disparus, trop à mon goût car on aimerait en savoir plus sur lui et comprendre davantage ce qu’il y a dans sa tête, on reste un peu frustré à la fin du livre sur ce point.

Et puis j’ai adoré le style de cet auteur, des mots simples, des phrases très courtes, parfois juste  deux ou trois mots, ou seulement un adjectif. Des répétitions à bon escient qui renforcent le propos de l’auteur et claquent dans l’esprit du lecteur, un style assez hypnotique, comme j’aime.  Avec en plus parfois, quelques envolées lyriques ou poétiques, hélas pas assez à mon goût mais cela aurait peut être dénaturé le propos.

 » Tu es assis à ta place, à table, seul,  les yeux planant dans le vague infini, sans un regard sur les assiettes à dessert dans lesquelles des restes de génoise , des morceaux de fraise et des mégots racontent la fin de toute chose ou leur vrai commencement ».

 » Rappelle-toi ma mignonne, de quelle sorte de joie imperceptible, ignorante, presque ingrate si ce n’est estropiée, nous avons dû nous envelopper, nous encapuchonner, nous encasquer, presque nous fildeferbarbeler. Rappelle-toi ma jolie, mon étoile, comment nous en sommes arrivés, solidement claquemurés à l’intérieur de nos pensées nues et solitaires, à transformer en un prodigieux théâtre de fortune le grenier du 36, Grand Rue. »

Peut-on se libérer du passé en se réconciliant avec les morts, une fois qu’on les a vraiment laissé partir ? L’ Atelier des morts est une oraison funèbre par laquelle Daniel Conrod essaye d’apporter une réponse à cette interrogation quasi universelle, à laquelle nous sommes tous un jour confrontés.

 » Cet amour paternel que tu m’as donné, je n’en ai jamais voulu, avec raison je crois, parce que les conditions de ton amour étaient exorbitantes . Accepter d’être aimé de toi, revenait à me soumettre à toi? Il n’y avait pas d’alternative . Tu étais un cannibale. Tu n’avais pas de limites et moi je ne voulais pas mourir étouffé dans tes bras, fût-ce avec un crucifix entre les mains. »

Je vous conseille vraiment de découvrir ce texte, qui est selon moi une pépite oubliée de cette rentrée littéraire.

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Vertige de blogueur…

ecriture

Les dates sont parfois étranges, cela fait 5 mois que les plumes n’ont pas eu lieu et ma dernière participation remonte au 25 octobre 2014, soit un an jour pour jour.

Sur le thème du manque , la Grande Prêtresse  a collecté 25 mots que voici : Frissonner, vide, humeur, plume, embellir, enfin, sommeil, drogué, impasse, poésie, torture, plénitude, trop-plein, youpi, énergie, absence, temps, dénuement, bol, idée, déchirement, bus, besoin, rationner, abandonné.

Voici donc ma participation aux plumes du mois d’octobre 2015 !

PS: Il y a 25 mots, on peut donc en laisser deux  de côté j’ai décidé de louper le bus ! Youpi !

 

 

Pour ceux qui auraient fait l’impasse sur certains articles ou ne le sauraient pas, je me prénomme Pat et j’ai créé ce blog le 5 juillet 2011. Ce jour, là, je m’en souviens très bien, j’étais d’humeur triste, il faisait très chaud dans mon bureau  et je comatais dans un demi sommeil  malsain, aussi décevant que peut l’être un passage de satellite  dans l’infinité étoilée du ciel.

Quelle drôle d’idée me direz-vous, comme si un blog suffisait à combler le vide existentiel. Si un trop plein de richesse comblait  le dénuement , ça se saurait depuis le temps.

Mais je sens que je m’éloigne de ce que je voudrais essayer de vous raconter aujourd’hui.

Avec le temps, l’énergie, la fantaisie et surtout grâce à vous, lectrices de la première heure, ma petite  auto-entreprise n’a pas vraiment connu la crise et s’est installée peu à peu  sur la toile, petite araignée de fortune.  Quoi que…

Vers l’automne 2012, j’ai reçu sur ma boite mail (indiquée sur la zone de contact du blog) un message d’une certaine Anna, empreint de poésie et de grâce dont la fin me fit frissonner. Il s’agissait ni plus ni moins d’une déclaration d’amour, platonique mais néanmoins troublante.  Puis d’autres messages arrivèrent. A chaque fois, Anna réagissait sur mes propos et finissait toujours par me dire à quel point je comblais ses attentes et embellissait son quotidien. Elle s’estimait   être droguée par mes mots et  ne voulait en aucun cas se désintoxiquer. Elle atteignait selon elle, la plénitude de l’esprit en lisant mes textes et mes billets d’humeur.  En somme, je comblais sa solitude affective et sa vie monotone…rien de moins et je n’exagère pas mes propos, je ne fais pas le malin pour une fois .

Certes, ce genre de révélation fait chaud au coeur, surtout  lorsqu’on on fait partie des losers depuis toujours, et  je puis vous assurer que les méninges se trouvent alors bousculés, torturés, agités,méningités…

Avant l’été 2013, nous en étions toujours au même fonctionnement. Je recevais des mails d’Anna, assez régulièrement, j’imagine  en fonction de ses besoins ou de ses envies, il ne s’agissait en rien d’un harcèlement et elle ne me demandait rien en échange. Surpris au début, j’avais fini par m’habituer , me disant qu’au final j’avais à la fois du bol d’être à ce point apprécié de cette inconnue, sans être tombé sur une psychopathe que j’aurais alors dû rationner voire affamer pour échapper à son émoi cannibale.

La vie réelle n’est pas comme dans les romans et heureusement, je n’ai jamais eu à répondre à aucune de ses missives qui d’ailleurs ne me posaient jamais de  questions  . Jamais eu non plus à la traiter comme indésirable. Et jamais eu non plus de grande déstabilisation au final.

Un jour, j’ai parlé dans l’une de mes chroniques de  l’envie  réelle d’arrêter le blog. Peut être vous vous en souvenez, en 2013 j’étais en pleine crise de milieu de vie, une torture que l’on s’inflige  parfois bien malgré nous en voyant qu’on a déjà bu plus de la moitié du verre de vie .  Et là,  figurez-vous que c’est elle qui m’a aidé à franchir le cap et à continuer le blog. A cette époque, je participais régulièrement  aux plumes de miss Aspho et je ne voulais pas arrêter. Mais je n’arrivais plus à faire mes petits textes sans prétention. Aussi incroyable que ça puisse paraître,  Anna a écrit deux textes à ma place, sans que je le lui demande, juste en collectant les mots et en m’envoyant le résultat par mail.  Personne ne s’en est rendu compte, pas même Asphodèle ! Il faut dire que les idées  d’Anna étaient pour ainsi dire les mêmes que les miennes. Je l’ai remerciée alors, sans plus de fioritures et sans savoir comment elle s’était rendu compte de mon manque d’inspiration.

Enfin, peut-être vous souvenez-vous  que juste avant l’été 2014, j’ai à nouveau voulu stopper le blog et dix  d’entre-vous m’avez envoyé livres et bonbons pour que je ne laisse pas tomber. Les messages d’Anna étaient plus rares à cette époque là, de plus en plus épars et c’est bien grâce à cette attention et à tous vos commentaires que je n’ai pas abandonné.

Et, puis, à la rentrée 2014, je n’ai plus jamais reçu de messages d’ Anna.  Jamais.   Aucun. Terminé. Son absence ne fut ni un soulagement ni un déchirement, juste un état de fait.

Depuis lors , j’ai retrouvé l’envie de bloguer, j’espère que vous vous en étiez rendu compte et je renoue aujourd’hui avec l’envie d’écrire des petits textes, même si hélas je ne parviens plus à raconter les histoires d’amours contrariées de l’époque et à faire vibrer la corde sensible du lecteur, comme j’y parvenais quelquefois  sur certains textes, rarement mais quand même de temps en temps.

J’ai jeté les mails d’Anna pour faire de la place dans ma messagerie mais j’ai l’intuition  qu’elle me lit toujours.  Je  ne peux pas  le prouver.

J’ai aujourd’hui 60 personnes qui sont abonnées à ce blog dont seulement 35 environ  que je connais, la fameuse majorité silencieuse des blogs, celle qui reste un mystère et donne le vertige à  une certaine blogueuse qui peut-être se reconnaîtra.   Comme vous, j’ai les adresses mail des abonnés à mon blog, et  bien entendu, l’ancien pseudo d’ Anna n’y figure pas, mais beaucoup de ces pseudos pourraient être elle, l’un en particulier. Mais cela n’a finalement pas d’importance. Pas plus d’importance que notre existence qui ne sera jamais qu’un brouillon raturé en marge de la vie…

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Interlude de requêtes…

gif feu d'artifices

Allez, aujourd’hui, je vous propose de regarder quelques requêtes tapées sur les moteurs de recherche qui aboutissent à ce blog…il n’y en a pas beaucoup de drôles chez moi mais quand même, voici un petit florilège commenté par votre serviteur !

  • Secrétaire tenue – Secrétaire sexy – La fin des secrétaires sexy – Secrétaire sexy tenue en laisse (Jésus Marie Joseph) – Secrétaire de direction sexy – Blog sexy secrétaire. Bon on a compris l’idée. Je dois vous faire une confidence sur ma vraie vie, je suis fonctionnaire territorial et j’ai un emploi de catégorie A, c’est à dire cadre (environ 10% des emplois seulement, vous côtoyez le gratin )…hé bien, je travaille seul dans mon service, pas la moindre secrétaire ni assistante…je suis vraiment maudit, le vrai loser de la blogo c’est moi, pas cette escroque de Galéa…bon ceci dit, je connais au moins une personne que je ne citerais pas qui s’en réjouit…Parce qu’une sexy secrétaire c’est un peu comme ça non ??gif secrétaire
  • Beuh à Gap : Là je peux rien faire pour toi mon gars, je n’ai jamais été à Gap de ma vie, mais un petit conseil à propos de beuh : Mind The Gap !
  • Le petit démon : là je suis vexé : je fais 1.79 mètres et en plus je ne suis pas un démon, because :  Soy El Diablo !
  • Bonhomme en guimauve : Mes préférés sont ceux de chez Jef de Bruges, que Somaja m’a fait découvrir…non il n’y a pas de message (mon anniv est le 12 décembre et bientôt Noël…)ourson guimauve
  • Je cherche la chanson de ho ho ho 2015 et je ne sais pas qui la chante : là non plus je ne peux rien faire pour toi mon ami, mais inutile d’aller sur le blog d’ Asphodèle  pour un chanteur de 2015  (ni mort ni moribond), et ne demande pas à Syl non plus, sur Nostalgie, les vivants ne sont plus très frais…
  • Je crache pas dans la soupe : Moi non plus, ni même dehors, ni même quand je suis fâché contrairement au lama (pas le chanteur pas très frais qui est bien élevé et ne crache pas)
  • La cruche : Mon ami, pour trouver ce que tu cherches, tu peux aller directement sur le site de Nadine More Anneau…mais ça marche aussi avec la conne ou la neuneu  comme tag !
  • Etagères – suis offert : Quant je dis que je suis vraiment un pauvre type, c’est « suis offert » et pas « suis offerte », parce qu’avec les étagères, ça fait penser à un bureau, donc à la secrétaire sexy susnommée…secretaire-sexy

Voilà, suite peut être une autre fois..

Le choeur des femmes de Martin WINCKLER (2009)

choeur des femmes

Jean Atwood est une jeune interne en médecine de presque 30 ans . Talentueuse et Major de sa promotion, elle se destine à la chirurgie gynécologique, auprès d’un ponte de la discipline. Mais pour valider le dernier semestre de sa formation,  elle doit rejoindre le service de la médecine des femmes. Ce centre de médecine générale est dirigé par le Dr Franz Karma qui à une approche particulière de la gynécologie et reçoit les patientes que les gynécos repoussent.  Pourtant, le courant ne passe pas entre Atwood et Karma. Et la jeune femme ne supporte pas d’assister aux consultations, estimant perdre son temps avec ses femmes qui viennent plus ou moins geindre sur leurs soucis de femmes. Karma lui propose un marché : elle sera à l’essai pendant une semaine, puis pourra choisir de rester le semestre entier ou de partir tout en validant son diplôme.

« Qu’est-ce qu’il me chante, là ? J’ai déjà vu des patrons faire sortir des internes parce qu’ils veulent bavarder tranquillement avec un ami ou une relation, ou même pour se rincer l’oeil tranquillement sur une nana bien roulée, mais je n’ai jamais entendu parler d’un praticien qui met l’interne dehors lorsque la patiente le demande ! Comment peut-il avoir la prétention de m’enseigner quoi que ce soit s’il me fait sortir à tout bout de champ parce que telle ou telle gonzesse ne veut pas que je voie ses fesses. »

Pourtant, Jean va choisir  malgré tout d’écouter  toutes ces femmes…jusqu’au moment où elle va aussi s’écouter elle même…

Je le dis clairement, c’est un livre particulier, puisqu’il y est question de règles, de contraception, de pilules, d’ IVG, de viol et du sexe, au premier sens du terme, homme ou femme, et notamment de la question des personnes intersexuées.

L’auteur, Martin Winckler est aussi médecin et spécialiste des questions de gynécologie féminine et de contraception. Médecin et romancier, cela à de quoi interroger, car il mélange habillement des récits de femmes qu’il a reçues dans son métier de médecin et des personnages romanesques avec une fiction qui prend de l’ampleur au fur et à mesure que le livre avance.

Je dois avouer avoir été un peu surpris par la forme du roman assez originale et la variation des styles de récits (témoignages, dialogues entre les 2 protagonistes, pensées intérieures de la belle Jean…etc), mais je dois dire que j’ai été captivé et touché par ce choeur des femmes, et que j’ai trouvé ce livre vraiment génial et pas forcément réservé aux femmes.

L’auteur, à un approche totalement humaniste et humaine de la médecine en général et de la gynécologie en particulier, et son livres est une charge virulente contre la médecine classique, les grands pontes de la chirurgie des organes sexuels, les mandarins, les rapports entre les laboratoires et les médecins et la place des patientes sur la table d’examen , une fois qu’elles ont les pieds dans l’étrier et les jambes écartées. Franchement, on ne peut qu’être touché devant la détresse de certaines, qui viennent pour être écoutées, réconfortées et examinées avec humanité et respect pour leur dignité. Ce Choeur de femmes amène le lecteur et la lectrice à réfléchir à se rendre compte de certaines réalités qu’on occulte.

« Les livres de médecine ne parlent pas des douleurs provoquées par les gestes des médecins. Et beaucoup de médecins pensent que si c’est pour le bien des patientes, la douleur est justifiée. Aucune douleur n’est justifiée. Jamais. »

« Les médecins qui veulent le pouvoir font tout pour l’obtenir. Ceux qui veulent soigner font tout pour s’en éloigner. »

Martin Winckler est un féministe, un anti conventionnel, et un empêcheur de tourner en rond, et j’aime ça !

« Lorsqu’une femme te confie qu’elle a trompé son mari, ce n’est pas pour être absoute – tu n’es ni grande prêtresse ni directrice de conscience -, mais ça peut être pour que tu entrevoies pourquoi elle ne veut pas de la grossesse qu’elle va interrompre. Elle a peut-être simplement besoin de lire dans tes yeux qu’elle n’est pas juste « monstrueuse » d’interrompre sa grossesse, qu’elle est humaine. »

« Je sais que les femmes plient encore sous le genou et la queue des hommes et qu’avant qu’elles ne plient plus sous le poids odieux des médecins, il y aura encore longtemps des médecins hommes et femmes, car ce n’est pas une question de sexe, c’est une question de pouvoir, qui continueront à leur fourrer leurs doigts, leurs instruments, leurs appareils dans le sexe sans se demander ce que ça leur fait, sans se poser la question de savoir ce qu’il y a derrière, ce que ça veut dire pour elles, sans jamais mesurer – et je pèse le poids de mes mots – combien cela fait ressembler les médecins à des bourreaux. »

« Les hommes ne remplissent pas les femmes, ils les dévorent, ils leur collent à la peau comme des sangsues, ils les consument, ils les vident de leur substance et quand elles sont toutes plates, toutes fripées, ils les laissent tomber comme de vieilles chaussettes pour des jeunes toutes pleines toutes rondes qu’ils vont liposucer à mort de l’intérieur. »

Le propos est parfois exagéré , provocateur et caricatural, mais il le mérite de toucher, de dire une vérité, de faire réfléchir.

Ses personnages existent vraiment, petit à petit leur caractère s’affirme et la relation entre Atwood et Karma est passionnante.

Petit à petit, on suit le changement d’optique et de perception de cette jeune interne, dont on va comprendre progressivement que son parcours personnel n’est pas étranger à son choix de faire de la chirurgie des organes sexuels.

Vers la fin, le romanesque l’emporte et le côté mélodramatique devient prégnant, peut être que Martin Winckler avait peur de lasser et voulait amener un peu d’aération dans son récit. Pourtant, je trouve que cet aspect là du livre est le moins réussi et le moins convaincant, et l’on sent venir l’inévitable happy-end.

Quoi qu’il en soit, malgré quelques répétions et les presque 700 pages du livres, pour moi le Choeur des femmes est un coup de coeur, inattendu et surprenant, je l’avais depuis plus de deux ans sur mes étagères et je repoussais la lecture, même si Aspho (que je remercie 1000 fois de me l’avoir offert)  et La Douce avaient toutes les deux aimé ce livre peu ordinaire et dont on garde des traces après l’avoir lu.

Oubliez le sujet pas forcément vendeur ni attirant sur le papier et écoutez avec votre coeur ce choeur là !

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Une extase Vernaculaire

avion en vol

Le jour où Lisa  m’a quitté, je m’en souviens comme si c’était hier. La vétusté des sentiments ne connaît pas  l’usure du temps. Il n’y aurait désormais  plus jamais de volubiles échanges dans la maison, plus jamais de rires dévastateurs, plus jamais de mensonges, il ne resterait  que des rêveries mélancoliques , des lambeaux de poussières tristes que la bise hivernale ne réussirait même pas à disperser.

Son départ allait causer une vacance à durée indéterminée de mon cœur. Il fallait regarder la vérité en face, je n’aurai personne pour partager les tasses de camomille et de verveine lorsque je serai tout décrépit. Lisa  était le souffle  qui maintenait ma bougie vacillante  du côté des vivants .

Je sais bien que vivre à deux les vicissitudes de l’existence est voué à l’échec. Dès lors qu’on est un tant soit peu honnête et qu’on refuse la vision de biais,  cela n’a pas plus de sens que d’ériger  des tours Eiffel en allumettes.

Quoi qu’on fasse, on est seul et l’autre ne peut rien pour l’autre. La vie transforme peu à peu notre sang en vinaigrette acre et aucun vampire ne saurait  le sucer voluptueusement sans ressentir le dégoût.

C’est un mardi que Lisa à tout envoyé valser. Le mardi est un jour pourri. Je n’ai pas fait grand chose pour la retenir : nul et  tocard jusqu’au bout j’ai été.

Lisa est sans vice et sans malice mais elle fait partie des personnes qui ne regardent jamais dans le ray trop viseur. Ces personnes là sont plus cabossées que les autres : elles font hélas  le bonheur des carrossiers professionnels qui colmatent les chocs sans la moindre franchise.

Le croirez-vous : ce jour là, il était prévu que je saute à l’élastique du haut du viaduc des enfers, un vaste ouvrage de 150 mètres de hauteur. Hé bien j’ai maintenu le rendez-vous.

Pourquoi rester chez moi à remplir une  vasque de larmes vagabondes alors que je pouvais m’offrir des sensations fortes et potentiellement définitives ?

C’est tout ce qu’il reste à ceux qui ont perdu leur âme . Et puis, au pied de ce pont, se trouvait un cabinet de véto. Je me dis que si ça tournait mal, l’un des docteurs pourrait toujours  me piquer…on abrège bien  les souffrances des animaux non ?

Le saut s’est bien passé, j’ai pris la position d’un oisillon véloce  s’apprêtant à voler pour la première fois.  Mais quand le moniteur m’a ostensiblement  donné l’impulsion nécessaire pour me jeter dans le vide, j’ai eu l’impression de tomber du nid et la certitude que j’allais m’écraser sur le vaste lit de verdure en dessous de moi.

Il n’en fut rien.

Quelle belle victoire, comme la première fois où j’ai fait l’amour avec Lisa, ce même sentiment d’abandon  et de perdition. Lisa disait avoir  ressenti une extase vernaculaire (1).  Le sexe et le saut à l’élastique ont en commun d’être éphémères et potentiellement tragiques. Ce mardi là, Lisa  m’avait quitté, j’avais fait le grand plongeon dans le vide, l’élastique avait tenu mais le fil était rompu.

Le mardi est vraiment pourri comme jour.

J’étais seul désormais et trop vieux pour me faire moine…il ne me restait alors plus qu’à être heureux ou courageux.

(1) extase vernaculaire ne veut rien dire mais je trouve que ça sonne bien.

NB : Première publication dans le cadre des ateliers d’écriture en 2012 ou 2013, je n’ai pas pensé à regarder la date  sur over-blog….

Musique et quotas !

gif orageFigurez-vous qu’en 1994, on imposa des quotas minimum de diffusion de chansons françaises aux radios musicales privées. En effet, depuis cette date elles doivent diffuser au moins 40% de chansons françaises. Il s’agissait à l’époque de protéger la promotion des artistes français et donc de favoriser la création d’expression francophone.

Or,  un projet de loi vise à durcir ce quota. En effet, le quota censé favoriser le diversité , a eu l’effet inverse, puisqu’ il s’agit d’un quota global de diffusion, ce qui veut dire que si une radio voulait diffuser un seul et même titre français pour arriver aux 40%, elle répondrait aux obligations légales. Alors, le projet  prévoit de ne plus comptabiliser que 50% du quota lorsque les 10 mêmes titres représentent ces 50%  . En clair, elles devraient jouer d’autres artistes que ceux qui tournent en boucle actuellement pour répondre à leur obligation légale.

Et là, je dis hypocrisie totale de tout le monde sur ce dossier.

Les maisons de disques et producteurs qui accusent les radios de rabâcher toujours les mêmes titres alors que sur les plateformes de téléchargement légal qui leur appartiennent,  il n’y a pas de quotas dans l’offre proposée et les téléchargement ne concernent qu’une infime minorité d’artistes.  Les maisons de disques et producteurs qui se gargarisent en disant que 75% de leur chiffre d’affaires est dû aux productions francophones…sauf que la majorité des productions francophones se font  désormais en langue anglaise !!  Les majors du secteur rappellent que les artistes français s’exportent…sauf que ceux qui s’exportent sont  ceux qui sont matraqués sur les réseaux des radios musicales privés. CQFD.

Hypocrisie des 40 députés à l’origine de la proposition de loi visant à durcir les quotas, qui une fois de plus, cèdent à la pression et au lobbying, ici celui  des producteurs et distributeurs de musique, sans forcément connaître le problème. Combien d’entre eux seraient capable d’expliquer ce qu’est un réseau de radios musicales privées ou de dire quels sont les artistes francophones les plus diffusés en radio ??

Enfin hypocrisie des radios, qui crient à la fin de la liberté d’expression et en appellent à leurs auditeurs pour faire pression auprès du gouvernement afin que la proposition de loi ne soit pas validée. Pour cela, ils prennent  en otage les auditeurs en leur faisant croire qu’ils ne pourront plus entendre les artistes qu’ils aiment comme ils le veulent et autant qu’ils le veulent! Et là, les grands groupes de radios sont tous unis alors que d’habitude , ils se livrent une guerre sans merci pour maintenir leur audience.

  • Le groupe Lagardère avec  Europe 1, Virgin radio et RFM
  • Le Groupe NRJ avec NRJ, Nostalgie, Chérie Fm
  • Le Groupe RTL, avec RTL, RTL2 et Fun radio
  • Les indépendants, qui regroupent comme leur nom l’indique des radios musicales indépendantes mais qui copient le modèle des  gros réseaux de radio pour arriver à rester sur la place tout en les fustigeant !

En résumé , tout ça c’est une grande mascarade. Si le public n’a pas envie d’entendre et d’écouter des chansons françaises, c’est pas en lui en mettant de force dans les oreilles qu’il changera d’avis. Et si le public a vraiment envie de diversité et de découvertes, il y a des radios qui proposent cette possibilité  là, sans compter le net où l’on peut trouver tous les styles , aussi bien des chansons universelles que des raretés. On n’est pas obligés d’écouter les radios musicales, loin s’en faut. Et de toute manière, l’instauration d’un quota, quel qu’il soit, n’est-il pas déjà  en soi un échec ?

Pour finir, voici les artistes francophones les plus diffusés en radio au premier semestre 2015 selon les enquêtes réalisées pour les professionnels (seulement les 20 premiers titres).

  • Louane avec 2 titres
  • Christine and the Queens avec 2 titres
  • Black M avec 2 titres
  • Maître Gims avec 2 titres
  • Kenji Girac avec 2 titres
  • Fréro Delavéga avec 2 titres
  • Soprano avec 2 titres
  • Calojéro
  • Julien Doré
  • Brigitte
  • Ariana Grandé
  • Makassy
  • Francis Cabrel

Il y a ans cette liste des artistes que j’aime, pas beaucoup, mais disons  quand même Julien Doré ,Christine, Gims et Cabrel,  mais ce matraquage est dommage quoi qu’il en soit.  C’est la diversité qui fait la richesse de la musique et de l’art en général. Seulement, art et business, ça va pas toujours ensemble et sans business le public n’a pas accès à l’art alors si vous avez une solution…. 😀 😀 😀

Dimanches d’août de Patrick Modiano.

modiano dimanches aout

Nous sommes à Nice, dans une période non précisée, peut être les années 70. Le Narrateur  est avec sa compagne Sylvia, ils ont fuit leur passé des bords de Marne et semblent n’avoir aucun contact avec autrui, si ce n’est avec les Neal, un couple d’américains  rencontré par hasard, qui habite dans une étrange villa.

Un jour, Villecourt, l’ancien mari de Sylvia  réapparaît près de la promenade des Anglais  et croise le regard du narrateur. Il sème alors  le doute et la peur au sein du couple.  Sylvia porte à son cou, un joli diamant, dénommé la Croix du Sud, et l’on comprend que ce trouble est lié à l’histoire de cette pierre précieuse…

Comme dans ses autres romans, Modiano sème des indices et battit une intrigue autour de ses personnages qui ne tiennent qu’à un fil. On retrouve l’écrivain du décor et de l’ambiance, celui qui parvient à toucher le lecteur à travers des souvenirs tristes, sombres et nostalgiques.

 » Oui je resterai sur la cote d’azur pour toujours. A quoi bon changer d’horizon (…) ce que j’avais pensé en jetant un oeil sur la carte de visite de Villecourt s’appliquait aussi à moi. Il suffit souvent de quelques années pour venir à bout de bien des prétentions ».

Le style reste dépouillé, sans grand intérêt d’un point de vue du vocabulaire ou de la construction des phrases, mais au final  assez ciselé pour mener le lecteur exactement  là où l’auteur se rend.

L’intrigue de Dimanches d’août est plus limpide que sur les autres titres que j’ai lus, avec un début, un milieu et une fin, sauf qu’elle est déroulée dans le désordre et que la fin pourrait laisser subsister quand même un petit doute.

Après avoir lu  Rue des boutiques obscures,  et Villa triste, je peux dire que ce roman là est vraiment celui que j’ai préféré et qui m’a le plus touché, probablement parce qu’il y a une histoire d’amour en filigrane, et pas seulement l’évocation d’une possibilité d’histoire d’amour. Je crois pouvoir dire maintenant, que j’aime cet auteur et que je le relirai. Je ne pense pas avoir un réel coup de coeur un jour pour l’un de ses romans, mais je sais que je suis touché par son univers si particulier et c’est déjà pas mal.

 » Je me suis rapproché d’elle et bientôt son parfum était plus fort que l’odeur de la chambre, un parfum lourd dont je ne pouvais plus me passer, quelque chose de doux et de ténébreux, comme les liens qui nous attachaient l’un à l’autre. « 

En fait  Patrick Modiano est obsédé par le passé…il est tout le temps dans le rétro viseur, enfin ses personnages le sont…ils ne sont pas vraiment vivants…c’est comme si dans une voiture ils ne voyaient pas le pare-brise et la vie devant eux . Des ombres en mouvement à la recherche d’autres ombres qui ne peuvent plus se mouvoir. Un peu comme des cachets d’aspirine dans un verre qui se déliteraient tout doucement non pas parce qu’il sont plongés dans l’eau, mais simplement  en raison de l’humidité ou de la moisissure ambiante.

 » Aujourd’hui, j’ai souvent l’impression de pourrir sur place. Je me raisonne. Au bout d’un instant cette impression se dissipe et il ne reste qu’un détachement, une sensation de calme, de légèreté, plus rien n’a d’importance. A l’époque de la rue Caffarelli, j’étais quelquefois découragé mais l’avenir m’apparaissait sous des couleurs favorables. Nous finirions par sortir de cette situation délicate où nous nous trouvions. Nice n’était qu’une étape pour nous. Très vite, nous partirions loin d’ici, à l’étranger. Je me faisais des illusions. J’ignorais encore que cette ville était un marécage et que je m’y engluerais peu à peu. »

D’ailleurs Modiano, arrive à donner l’image d’une ville triste et délabrée alors que dans l’inconscient collectif, Nice est plutôt synonyme de soleil, luxe, volupté…

« Autour de moi, des femmes et des hommes, aux raideurs de momie, prenaient le thé, silencieux, leurs regards fixés vers la Promenade des Anglais. Eux aussi, peut-être, épiaient parmi cette foule en procession des silhouettes de leur passé »

Un grand merci et  un gros bisous à Galéa qui m’a offert Dimanches d’août.