» Un homme et une femme qui pleurent sans se secourir, qui se font face sans tomber, ce sont deux étoiles pour les poètes. Et rien. Absolument rien pour les scientifiques ».
Il y a de grands raconteurs d’histoires et il y a des auteurs qui parlent au coeur et rentrent au plus profond de l’âme du lecteur, dussent-ils rentrer par effraction. Véronique Olmi est de ces écrivains là.
J’aimais mieux quand c’était toi est une histoire simple, banale, dont le plan du récit tient sur une demi- page. Et pourtant quel récit !!
La narratrice est mariée, avec deux enfants, un mari avec qui elle partage le quotidien.
» Mais comment font les autres? Ceux qui depuis des dizaines d’années en chapelet attendent de l’autre simplement ce qu’il peut donner ? Ils sont patients et vivent chichement selon une loi infaillible :avec le temps, à défaut de s’aimer, on s’attache. En récompense de tant de patience et de compromis, de tant d’efforts et de mansuétude, un jour lointain on est indispensable à l’autre sans l’avoir aimé jamais. On accepte le second rôle. Ce rabaissement ».
Et pan, petit rappel qui se pose à beaucoup de personnes arrivées au milieu de leur vie, comme la narratrice inventée par Véronique Olmi, à qui il manque…le je ne sais quoi qui parfois fait basculer l’équilibre de l’être humain.
» J’ai quarante-sept ans et j’attends toujours que ma vie commence. Mais apparemment c’est déjà fait. On me le dit. Beaux enfants. Beau métier. Pas de cancer. Aucune tragédie. On me félicite. Parfois le soir on m’applaudit. On ne m’applaudira plus ».
La narratrice est actrice de théâtre et elle vit viscéralement pour ces représentations journalières où elle oublie, se transforme, sort de l’impasse et se sent enfin vibrer et exister. J’aimais mieux quand c’était toi est d’ailleurs une très belle incursion dans le monde du théâtre et le métier d’actrice, le cadre du récit est particulièrement intéressant.
Et puis un soir, lors d’une représentation ordinaire de la pièce jouée par la narratrice, un spectateur assis au cinquième rang va soudainement faire perdre pied à cette actrice…
Et l’on revient au thème de prédilection de Véronique Olmi, l’amour , quelle que soit sa forme, et la vérité en amour avec ses conséquences souvent désastreuses, parfois mortelles…
» Aimer ou vouloir mourir, c’est bien la même chose. On veut être ailleurs ».
j’ai dévoré et adoré ce récit et comme à chaque fois chez Véronique Olmi, je suis arrivé au bout de ce court texte un peu groggy, un peu effrayé, pas mal bousculé, un peu contrarié, mais aussi étrangement rassasié et réconforté. C’est je crois avec De Vigan et Blondel , l’une des écrivains vers laquelle je reviens toujours et qui réussit son coup à chaque livre.
La fin dans J’aimais mieux quand c’était toi, est beaucoup plus heureuse que dans d’autres romans de Véronique Olmi, cette auteur prolixe qui ne fait pas de bruit, dont on parle peu mais qui a un lectorat fidèle pour ses romans et des spectateurs nombreux pour les pièces de théâtre qu’elle écrit.
Je ne saurais que trop vous conseiller de la lire ou de la découvrir…et je vous laisse avec ces quelques mots…
» On naît dans le sang et la merde. On meurt pareil. l’hygiène et les mains propres, c’est de la science fiction, de la robotique, de la virtualité. »
Je note bien sûr ! J’avais tellement été bouleversée par Bord de mer. J’en ai un autre dans ma PAL que je vais ressortir illico ! Merci pour le rappel sur cette auteure qui est aussi dramaturge, c’est peut-être pour ça qu’elle décrit bien l’univers du théâtre.
Oui certainement, elle fait beaucoup de pièces de théâtre et je la trouve vraiment très forte, son style fait mouche.
Autant on se retrouvera sur Blondel ou Vigan, autant Olmi nous séparera. J’ai lu Premier Amour d’elle, que j’ai trouvé vraiment moyen, et je m’aperçois que ses thématiques sont quand même très nombrilistes (le personnage se regarde avoir mal), il me manque quelque chose, après je n’en ai lu qu’un qui n’est pas son meilleur paraît-il, et une blogueuse avait été traumatisée par Bord de mer (j’avais rapidement compris pourquoi) peut-être est ce trop juste pour me faire une idée d’elle. Mais je le reconnais, la femme (personnage) qui se pose des questions existentielles sur elle-même, je suis réfractaire.
Et si tu lui donnais une deuxième chance ?? Justement, essaye Bord de mer et si tu as peur d’être traumatisée comme Laure, tu peux t’abstenir de lire le dernier chapitre…
Après le personnage qui se pose des questions existentielles, parfois il nous ressemble…et c’est cela qui est intéressant sans compter le style de l’auteur !!
Bisous
Je te suivrai Mindounet, dans cette lecture, un jour, peut-être ou sûrement 😉
En fait, avec les lectures imposées par le Club de lecture, je ne lis plus ce que je veux, je n’a pas le temps de m’évader dans d’autres lectures… Ce n’est pas l’idéal, même si je découvre des auteurs que je n’aurais jamais lus…
Le dernier extrait est un peu glaçant. Sans espérance…
Je sais que tu l’apprécies beaucoup Mme Olmi 😉
Gros bisous
Oui j’aime beaucoup la puissance de ses mots.
C’est le souci des clubs de lecture ou des jurés de prix littéraires, il faut se ranger au choix collectif. Mais sur une année, ce doit être une belle expérience, après je crois pas que je pourrais le faire.
Bisous.
Je dois avoir quelque chose d’elle dans ma PAL et ton billet enthousiaste me donne envie. Un jour je retournerai lire les livres qui y prennent la poussière… mais pas maintenant ;^)
Si tu aimes les auteurs qui ont style puissant et privilégient cela avec des histoires qui elles sont simples, ça pourrait te plaire ! Bises !
Je ne connais pas mais par curiosité je la note. Bord de mer puisque tu dis qu’il est mieux.
Oui il est terrible ce libre, rarement lu quelque chose d’aussi oppressant et désespéré…tu me diras si jamais tu passes le pas ! Bisous !
Un très joli roman en effet !
Je le pense aussi mais Bord de mer , son premier roman je crois est encore mieux…terrible ! 😀
Après tout l’amour n’est-il pas qu’une pièce de théâtre (ou un film) joué(s) et rejoué(s) depuis la nuit des temps, avec d’infinies variations certes mais qui reviennent toujours au point de départ (ou d’arrivée) ! Une auteure que je finirai par lire, ne serait-ce que pour me faire mon idée… Mais dis donc tu nous fais beaucoup de coups de coeur en ce moment, ne serait-ce pas l’andropause qui te rend ainsi chamallow ??? 🙄 Mouhaha ! 😀 (#ouileshommesaussiontdeshormones#)
L’andropause ?? Je sais à peine ce que c’est mais de toute manière je suis trop jeune. Oui 3 coups de coeur à la suite mais ça rattrape le début de l’année où j’en ai peu ! Véronique Olmi devrait te plaire, elle a un vrai style façon gant de boxe…à essayer donc !
Bises.
Alors clairement, comme De Vigan ;), ce n’est pas un auteur pour moi. J’en ai lu deux et celui-ci est celui qui m’a le moins plu.
As tu lu Bord de mer ?? Sinon, je serais tenté de te dire d’essayer une ultime fois. Ceci dit, pour rien au monde je ne relirais David Vann par exemple alors je comprends…et encore tu as fais 2 essais !
Bonjour Mind, J’ai noté cet auteur sur le carnet. Toujours dans mes PAL (c’est ridicule d’avoir autant de livres non lus !), je la découvrirai plus tard.
Oui mais encore, toi tu as de la place pour stocker tes livres, enfin il me semble. Chez moi ça devient critique ! Bonne découverte alors ! 😀
Ça donne vraiment envie de s’y plonger. D’autant que c’est un milieu que je connais. Merci
j’ai trouvé cette double immersion, dans la passion amoureuse et dans les coulisses du théâtre vraiment belle, forte et réussie et c’est l’occasion de découvrir ou de relire cette auteur qui est discrète et talentueuse.
Percutant(surtout la dernière citation…)
Bonne semaine Mind 🙂
Ha oui, c’est le mot juste, Véronique Olmi à un style percutant et j’aime beaucoup sa force d’écriture !
Bises Val 😀