Les Plumes – Épisode 49- Vagabondage : Ce matin…

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Voici ma participation aux plumes d’Asphodèle, 49 ième épisode (elle tient encore le cap n’empêche… :D) sur le thème du vagabondage.

Les mots du cru sont : Flânerie, pacager, liberté, baguenauder, circonstance, enthousiasme, prisonnier, errance, prairie, libellule, céleste, nuage, délire, rencontre, bohème, paria, alouette, gironde, évanescent, agripper.

Il n’est pas toujours bon de laisser son esprit vagabonder…quoi que !

 

Ce matin…

Ce matin, alors que je m’agrippai  aux nuages évanescents d’un rêve, refusant de sacrifier ma liberté sur l’autel de la société prétendument humaine, je me fis la réflexion suivante : Dans ma vie de paria, les seuls  concours que j’aie réussis furent ceux de circonstances. Les seuls lauriers jamais récoltés furent ceux prisés par l’alouette et le merle chantant.

Or, on ne baguenaude pas impunément  dans la bohème avec enthousiasme sans en payer le prix. L’errance des sens coûte cher lorsqu’on est trop faible pour décider de  ne plus pacager au milieu des bien pensants, des nantis et des gourous de la réussite sociale.

La rencontre d’une  libellule  reflétant sa palette bleutée sur le  ruisseau prisonnier de sa propre flânerie, n’émeut plus l’être humain.

Dans leur délire céleste et leur frénésie de funeste ferveur, les hommes ne sont plus depuis longtemps des pâtres dans la prairie d’un supposé créateur que les fanatiques et les intolérants refusent encore de démystifier.

On dit parfois que les hommes sont des loups pour eux mêmes mais, croyez-en un vieil homme au faite (faîte pour les puristes…) de sa vie,  ils ne sont même plus dignes d’être comparés aux loups.

Ce serait faire injure au monde animal.

P.S : je n’ai pas utilisé Gironde, quand on est toulousain, même d’adoption, on  n’aime pas trop les bordelais… 😀

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Le retour du renard…

x files 6Il est retour et en plus il n’est pas tout seul !!

Mais qui ?? Ben le renard, Fox…l’agent spécial du FBI Mulder ! Youpi X-files est de retour sur les écran, sur M6 les 3 prochains jeudis, avec une mini saison de 6 épisodes.

Et vous savez quoi, je laisse tomber La Grande Librairie pendant ces 3 semaines pour regarder X-files, la seule série qui m’ait jamais vraiment intéressé, la seule dont j’ai suivi plus de 6 saisons. J’ai arrêté ensuite car à partir de la septième saison, c’était devenu assez nase, ce n’était plus le créateur original, à savoir Chris Carter, ça tournait en rond et les rebondissements amoureux entre Scully et Mulder étaient pas  toujours top.

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Le personnage de Fox Mulder je l’adore…c’est un peu moi quelque part, enfin à l’époque , dans les années 94 date de la première diffusion en France. Bizarre vous vous dites pour ceux qui connaissent le personnage de l’agent Mulder. Un parano certain que sa petite soeur  été enlevée par des extra-terrestres, solitaire, sans amis, sans vie sociale, sans femme, regardant volontiers des films X après avoir classé ses dossiers X (affaires non classées justement), amoureux platonique de  Dana Scully , médecin légiste , (et vice versa d’ailleurs), toujours prêt à courir et à sa battre avec des zombies  dans son parfait costume avec cravate…

On n’explique pas tout, mais le succès de cette série ne m’a pas épargné alors que je ne suis aucune série, je déteste le principe des séries…

Ainsi, oui, on peut le dire, la vérité est ailleurs…

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En fait, Chris Carter et les scénaristes  de l’époque jouent sur 3 cordes sensibles au niveau du public, et ça fonctionne.

  • le paranormal : les cas de crimes et d’histoires mystérieuses irrationnelles passionnent…c’est tellement bien fait que parfois on doute, on se demande si ça ne peut pas être vrai…x files 7

 

  • Le complot mondial : ici il s’agit du complot du gouvernement américain qui cache à la population l’existence des extra-terrestres et pactisent avec eux dans l’ombre afin de mettre au point des projets ultra confidentiels. Le théorie du complot mais pas dans sa version négativiste.  La vraie star de la série est peut être l’ Homme à la cigarette…

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  • L’amour : la relation entre les 2 personnages , Mulder et Scully, est  au départ parfaitement maîtrisée par les scénaristes, ils sont en opposition constante et finissent par ne former qu’une seule personne…la somme de 2 solitaires que le passé n’ a pas épargné, 2 personnages à part, qui vont s’aimer platoniquement puis petit à petit réellement…mais rien n’est jamais simple dans ce contexte de peur et de parano.

Il faut ajouter à cela une réalisation musclée, un rythme effréné (les épisodes durent 50 minutes, aucun temps mort), des effets spéciaux réussis qui foutent la trouille car parfois on y croit , et puis une grosse pincée d’humour noir en arrière plan, avec plein de détails qu’on ne remarque pas forcément au départ.

Bref on veut y croire…enfin presque !

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Voilà, je kiffe X-Files, j’ai hâte de retrouver les personnages de la série pour ces 6 épisodes dans l’esprit des origines de la série, réalisés par son  créateur,  faits pour les fans et qui vont permettre aux autres et  notamment aux plus jeunes de peut-être découvrir cette saga.

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Les femmes qui aiment CHAGALL sont dangereuses…

femme qui peint

 

N’est-elle pas jolie cette demoiselle qui peint ?

Aimerait-elle Chagall à supposer qu’elle soit réelle et contemporaine du célèbre peintre d’origine russe, qui vécut jusqu’à 95 ans à Saint Paul de Vence, sur la Côte d’ Azur?

On ne le saura pas, mais personnellement, j’aime les tableaux de Chagall. Je les associe un peu à certaines oeuvres de Picasso et aussi à celles de Magritte même s’il ne s’agit pas du même genre de surréalisme. Je crois que définitivement c’est les peintres modernes qui peuvent me toucher, à partir des impressionnistes.

Je crois que ce qui me plaît quand je regarde sur le net les photographies de ses oeuvres, c’est d’abord le côté séries…comme chez de nombreux peintres.

Et puis bien sur, les couleurs vives et variées, Chagall est un peintre de la couleur. C’est le bleu qui domine son oeuvre lorsqu’on affiche des centaines de toiles mais il y a toutes les palettes de couleurs. On a parfois l’impression de voir des vitraux mais qui représentent l’amour, la vie…même si parait-il une partie de son travail fut la représentation d’images bibliques.

C’est assez mystérieux comme univers, et je trouve que cette peinture est gaie, rassurante, elle apporte une touche d’originalité et de rêve dans le quotidien.

J’irai peut être voir le musée Chagall à Nice, qui est très visité par le public.

Voici quatre peintures , choisies parmi tant d’autres.

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Le soleil des SCORTA de Laurent GAUDE (2003)

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Le Soleil des Scorta est une saga familiale sur près de cent  ans et trois générations de Scorta. L’action se passe dans la région des Pouilles, en Italie du Sud, là où le soleil et la chaleur règnent en maître, dictant l’existence des hommes et  des femmes frustes qui habitent cet endroit depuis toujours, des cul-terreux comme les appelle le curé local.

A l’origine de cette famille il y a un viol,  et la naissance qui en résulte  sera le point de départ d’une forme de malédiction familiale , qui se transmettra de générations en générations.

Le personnage principal du récit est Carméla, la doyenne de la lignée des Corta à la fin du vingtième siècle, qui semble ne pas vouloir ou pouvoir mourir et se confie au curé du village de Montepuccio, lieu où se déroule la quasi totalité de l’histoire.

C’est Asphodèle qui m’ a prêté ce livre et je dois dire que j’y allais vraiment pour lui faire plaisir, sachant qu’elle aime beaucoup Laurent Gaudé. Sa chronique est là si vous voulez savoir plus de choses sur l’histoire et les personnages : Chronique.

Hé bien je peux dire après lecture, que ce livre est un vrai coup de coeur et que je relirai cet auteur réputé exigeant, merci Grande Prêtresse !

D’abord j’ai aimé la peinture de ce coin d’Italie. Laurent Gaudé magnifie les éléments et créé un livre d’atmosphère. La chaleur, la terre aride, les oliviers, les pêcheurs , les paysans, le curé  et la croyance en Dieu, et ce sacré soleil, que tous les Scorta mangent à pleine dent.

« Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n’y a rien à faire. Nous l’aimons trop cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur nous l’avons en nous. D’aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleines dents. Il est là dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges. C’est son parfum. Avec l’huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil. »

Le village de Montepuccio est particulièrement important, c’est presque le personnage principal du livre et le lien entre toutes les générations de personnages. Ce village évolue sur un siècle, un peu trop vite d’ailleurs à mon goût, Laurent Gaudé passe de l’âne comme moyen de transport au tourisme et aux migrants en quelques 250 pages seulement…

« L’âne atteignit le sommet de ce qui semblait être la dernière colline du monde. C’est alors qu’ils virent Montepuccio. L’homme sourit. Le village s’offrait au regard dans sa totalité. Un petit village blanc, des maisons serrées les unes contre les autres, sur un haut promontoire qui dominait le calme profond des eaux. Cette présence humaine, dans un paysage si désertique, dut sembler bien comique à l’âne, mais il ne rit pas et continua sa route. »

Ensuite j’ai aimé, cette thématique sur l’appartenance à une famille, sur l’hérédité, sur la tradition et la transmission d’une génération à l’autre. Dans Le Soleil des Scorta, se pose la question du que vais-je laisser à mes descendants? Quelles valeurs je vais leur transmettre, doit-on parler avant de mourir?

« Parler une fois. Pour donner un conseil, transmettre ce que l’on sait. Pour ne pas être de simples bestiaux qui crèvent sous ce soleil silencieux. »

Pour la petite histoire, je trouve que Laurent Gaudé à une prédisposition étonnante  à faire mourir ses personnages : non seulement ils savent tous à quel moment ils vont mourir, même jeunes, mais encore ils acceptent facilement de passer la main !

« Les olives sont éternelles. Une olive ne dure pas. Elle mûrit et se gâte. Mais les olives se succèdent les unes aux autres, de façon infinie et répétitive. Elles sont toutes différentes, mais leur longue chaîne n’a pas de fin. Elles ont la même forme, la même couleur, elles ont été mûries par le même soleil et on le même goût. Alors oui, les olives sont éternelles. Comme les hommes. Même succession infinie de vie et de mort. La longue chaîne des hommes ne se brise pas. Ce sera bientôt mon tour de disparaître. La vie s’achève. Mais tout continue pour d’autres que nous. »

Au niveau du style, le récit est rythmé, toujours bien mené, sans temps morts, facile à suivre même si parfois je me suis un peu mélangé les pinceaux entre les prénoms des générations de Scorta. C’est une belle écriture, recherchée mais sobre, sans complications particulières, sans mots compliqués, sans langage culturo-intello- asse bonbon, le livre a pourtant eu le Prix Goncourt mais souvent le Goncourt récompense des livres à la fois grand public et de qualité, c’est dans la définition du prix même si dans les faits…

Certains passages sont vraiment très très  beaux , forts et puissants.

Et puis, au final, j’ai entendu une petite musique sur le sens de la vie, du travail, le poids de la sueur , le temps qui passe, la jeunesse et la vieillesse. Et cette musique m’a touchée et fait réfléchir, aimer un livre est aussi une question de moment.

« Quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné et que tu n’as plus le temps de voir ta femme et tes enfants, quand tu sues pour construire ce que tu désires, tu vis les plus beaux moments de ta vie. Crois-moi.
Il faut profiter de la sueur, Elia. Souviens-toi de cela. Après, tout finit si vite, crois-moi. »

En somme, j’ai adoré Le Soleil des Scorta et je le conseille au plus grand nombre. Ceci dit prenons aussi le temps de voir nos femmes ou maris… 😀

logo coup de couer

 

Manu Rêva !

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Alain Chamfort vient de sortir une nouvelle compilation de ses nombreux tubes, avec les versions originales et aussi des versions revisitées électro.

C’est un chanteur que j’apprécie, discret, classe, excellent musicien et qui a fait de nombreux tubes jusqu’aux années 1990. Depuis il a moins de succès mais il est toujours là.

Son tube emblématique est Manureva, sorti en 1979, sur son deuxième album.  Pour ceux qui ne le savent pas, Manureva est le nom du bateau d’un navigateur , Alain Colas, qui a disparu en mer quelque temps plus tôt.

Chamfort a composé la musique (avec son équipe) et a demandé à Gainsbourg de faire les paroles. La première version du titre, s’appelait Adieu California, mais Alain Chamfort ne la trouvait pas terrible…alors il dut harceler Gainsbourg pour qu’il accepte de remettre en cause son premier texte, ce qu’il finit par faire.

Dans la vidéo ci dessous, vous avez un extrait de la première version, Adieu California, qui est totalement introuvable aujourd’hui, une vraie rareté,  et en effet assez nase au niveau du texte…il s’était vraiment pas foulé le père Gainsbourg. Ensuite vous avez la chanson habituelle, que je trouve géniale, la mélodie disco mais bien plus travaillée que le rythme binaire habituel de ce genre de musique, est parfaite, la voix et les paroles aussi et c’est un titre que je réécoute par périodes, je ne m’en lasse pas.

Et une autre vidéo d’une autre chanson sortie dans les années 90 que j’apprécie : « Souris puisque c’est grave ».

 

 

 

 

Vous

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Imaginez, vous êtes couché(e) sur une pelouse alpine, bien grasse, bien aérée par une petite bise brisée ou une petite brise bisée…allez savoir comment fonctionne le vent…

Devant vous, le spectacle des neiges éternelles, et  ce  long pré poudré de fleurs sauvages aux couleurs bleue, mauve , pivoine. Certaines sont recouvertes d’un vernis transparent  comme si les nuages avaient déversé des larmes magiques sur leurs pétales.

Vous êtes là, absorbé par des pensées poussiéreuses,  à essayer de tourner les pages désespérément blanches de votre existence aspartamée.

Vous voudriez inhaler tous les pollens de la vie mais vous avez peur au point de vous  inventer toutes les allergies inimaginables. Vous vous contentez de picorer des guimauves en forme de nuages  alors que vous êtes juste affamé(e) d’amour. Votre persévérance à vous réfugier dans les songes fait que le seul être qui partage vraiment votre quotidien est Grifouille, le chat persan…

Mais aujourd’hui, le tintamarre des clarines des vaches aux yeux cerclés  et  le tumulte du torrent vont vous offrir la plus belle illusion qui soit.

La voici  cette illusion  : telle une nymphe échappée d’un conte que votre imagination aurait crée, elle apparaît soudain au détour du chemin. Elle est sublime, ses yeux ont le bleu profond de la gentiane, ses jambes sont l’œuvre des dieux, sa bouche à la forme d’un coquillage audacieux, son sourire vous fait l’effet des bonbons pétillants de votre enfance, sa voix  transforme votre sang en grenadine lorsqu’elle vous demande «  Pardon , je me suis égarée, pourriez vous m’indiquer le chemin qui ramène à Bionassay s’il vous plaît ? »

A cet instant précis, c’est vous qui êtes perdu(e).

Oui mais voilà, le plus précis de tous,  c’est le  temps qui  passe, Justine est désormais  une boite à archives  , celle que vous ouvrez avec parcimonie.

Les jours où l’ennui prend les rennes, Justine redevient  reine.

Vous  en avez mis du temps : l’amour naissant à une fâcheuse tendance à la procrastination mais il finit toujours par un chagrin.

Désormais, plus de randonnées dans les alpages :  Même en vacances en Suisse, vous voilà condamné(e) au pédalo sur les lacs monotones, observant la lente putréfaction des algues  en bord de rive, asphyxiées par  le niveau trop bas des eaux.

Vous prenez  alors tout doucement conscience que vous êtes devenu(e) cette algue…

Première publication sur mon ancien blog en 2012, lors d’un atelier littéraire.

Elle s’appelait Sarah de Tatiana de Rosnay (2006)

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La traduction française de ce roman écrit en anglais (Tatiana de Rosnay est anglo-française) fait probablement référence à la chanson de Jean-Jacques Goldman.

Ce livre paru en 2006 a eu un succès important dans plus de 20 pays, plus de 6 millions d’exemplaires ont été vendus, et le livre a été très bien adapté au cinéma en 2010 (avec Serge Joncourt comme scénariste).

Mais de quoi s’agit-il ?

Tatiana de Rosnay raconte deux histoires dans Elle s’ appelait Sarah.

La grande Histoire d’un côté, avec la rafle du Vel d’hiv intervenu le 16 juillet 1942, où 13000 juifs furent arrêtés, parqués, déportés et exterminés. La narratrice est la petite Sarah, qui arrivera à s’échapper du camp de transit de Beaune la Rolande (Loiret) et donc à survivre, alors que son frère resté caché dans leur appartement parisien mourra de faim et de soif et que ses parents seront exterminés à Auschwitz.

La petite histoire, avec Julia Jarmond, journaliste franco-américaine, qui doit rédiger un article dans un journal à l’occasion du triste soixantième  anniversaire de la rafle, en juillet 2012. Les recherches menées sur cet épisode de la guerre vont se télescoper avec sa propre famille, sa propre vie, sa propre trajectoire et Julia n’aura de cesse de retrouver la trace de Sarah et d’éclaircir les mystères autour de l’arrestation de sa famille ce 16 juillet 1942.

Je le dis tout de suite, Elle s’appelait Sarah est un livre dont on ne ressort pas indemne , avec une histoire qu’on n’est pas près d’ oublier.  Je comprends que ce roman soit devenu un tel phénomène éditorial.

« Oui, la guerre est finie, enfin finie, mais pour ton père et moi, rien n’est plus pareil. Et plus rien ne sera jamais pareil. La paix a un goût amer. Et le futur est inquiétant. Les évènements qui ont eu lieu ont changé la face du monde. Celle de la France aussi. Notre pays n’est pas encore remis de ces sombres années. Cela arrivera-t-il un jour ? Ce n’est plus la France que j’ai connue lorsque j’étais enfant. C’est une autre France que je ne reconnais pas. Je suis vieille désormais et je sais que les jours me sont comptés. Mais Sarah, Gaspard et Nicolas sont encore jeunes. Ils vont vivre dans cette nouvelle France. J’ai de la peine pour eux car j’ai peur de ce qu’il adviendra. »

La force de l’auteur est de raconter l’horreur de la rafle du vel d’hiv, sans ménagement, sans tabous , à partir de récits et documents historiques. Le fait de faire parler la petite Sarah renforce l’émotion et certains passages sont vraiment terribles. Mais comment écrire l’horreur sans sensibilité ? Tatiana de Rosnay ne se prive pas de rappeler avec quel zèle et avec quelle ignominie, le gouvernement français avait répondu aux ordres des nazis, dépassant les objectifs fixés notamment en arrêtant aussi les très jeunes enfants. Notons au passage que l’ Etat français choisit de privilégier l’arrestation des réfugiés et apatrides…et qu’il faudra attendre Jacques Chirac en 1995 pour reconnaître clairement la responsabilité du gouvernement français dans cet épisode tragique de la seconde guerre mondiale.

Les yeux de la fillette ne se remettaient pas des horreurs de la nuit. Ils en avaient trop vu. Peu avant l’aube, la femme enceinte avait donné prématurément naissance à un enfant mort-né.La fillette avait été témoin des hurlements, et des larmes.

La partie du livre qui raconte le parcours de Julia est hyper bien faite, l’histoire est romanesque à souhait, l’idée du déroulé du roman est remarquable, Tatiana de Rosnay fait partie des grandes raconteuses d’histoires, qui atteignent leur but en écrivant simplement, sobrement, certains trouveront certainement que c’est trop populaire comme littérature, dommage pour eux!

C’est également un livre qui pose les questions du poids du passé, du secret familial. Faut-il se confronter à la réalité ou doit-on laisser l’histoire familiale dans le déni, le secret ? Finalement, de quoi est-on le plus coupable ? Des actes eux-mêmes  ou bien du silence ou des mensonges pour ne pas les révéler ?

J’ai vraiment beaucoup aimé Elle s’appelait Sarah,  et pour une fois, j’avais vu le film avant de lire le roman.

Une seule chose m’a gênée, je trouve que la fin du roman (les 40 dernières pages)  est trop longue, trop prévisible, trop cinématographique et sonne un peu trop américaine pour moi…encore que dans cette Histoire, je parle de la grande, les américains ont leur mot à dire sur l’attitude de la France pendant l’occupation.

Mais à part cela, je conseille Elle s’appelait Sarah à tous ceux et celles qui ne l’ont pas encore lu.

Je trouve que ce livre devrait être étudié au collège, voire au lycée, j’espère qu’il l’est…il associe avec talent et simplicité  la littérature à l’histoire en les ouvrant au plus grand nombre, et c’est assez rare.

Pourquoi tant de haine? Sarah n’avait jamais haï personne dans la vie, à l’exception d’une institutrice. Cette maîtresse l’avait sévèrement punie parce qu’elle ne savait pas sa leçon. Elle essaya de se rappeler si elle avait été jusqu’à souhaiter sa mort. Oui, elle avait été jusque-là. Alors, c’était peut-être ainsi que tout était arrivé. A force de détester les gens au point de vouloir leur mort. De les détester parce qu’ils portaient l’étoile jaune. Cela lui donnait des frissons. Elle avait la sensation que toute la haine du monde, tout le mal du monde se concentraient ici, les encerclaient et se lisaient dans les visages fermés des policiers, dans leur indifférence, dans leur mépris. Et en dehors du camp, était-ce la même chose, le reste du monde détestait-il aussi les juifs? Etait-ce ce à quoi toute sa vie allait ressembler?

Je relirai Tatiana de Rosnay, c’est certain.

PS: dans un autre registre, totalement différent, pour ceux qui aiment Daphé du Maurier, je vous conseille la bio écrite par Tatiana, brillante et hyper bien documentée : Manderley for ever.

J’aurais voulu …

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J’ai déjà parlé de la crise de la quarantaine, enfin comme disent les anglo-saxons de la  » middle life crisis ». Il se passe simplement qu’on se rend compte qu’on  est plus près de la mort que de la vie et forcément, se pose la question de ce qu’on a fait et pas fait, de ce qu’est notre vie réelle par rapport à notre vie de rêves.  Pour peu qu’on ait conscience de la mort , qu’on  en ait  peur, que la vacuité de l’existence devienne  tout d’un coup évidente et voilà qu’arrivent les regrets.

Mais ce n’est pas le sens de mon propos du jour, juste son introduction.

En fait, ce que je regrette vraiment, c’est  de ne pas être artiste. Attention je ne parle pas de notoriété, de gloire, de reconnaissance à grande échelle, non non, juste du regret de ne pas avoir de talent artistique.  Tous les arts ne m’intéressent pas, mais certains me fascinent, d’autres m’ont aidé à vivre et même à  survivre je crois et font encore partie de mon quotidien immédiat.

J’aurais voulu être peintre, ou dessinateur. Pas Picasso ni Magritte. Peindre la mer et avoir quelques toiles dans une petite boutique comme on en voit souvent au bord de l’océan, peindre des phares, des bateaux, des récifs. Etre caricaturiste pour les touristes. Un crouteux en quelque sorte !  Même copiste, c’est à dire ne rien créer mais reproduire, ça m’aurait suffit. Oui mais voilà, je ne sais même pas dessiner un mouton, et même avec imagination ma feuille resterait vide.

J’aurais voulu être écrivain. Pas pour en vivre ou passer à La Grande Librairie. Non juste pour avoir mon nom sur des livres, chez de vrais éditeurs. Depuis que je fais les ateliers d’écriture avec le blog, j’ai lu, allez disons  25 ou 30 personnes différentes. Il y a en a 4 , 5 maximum qui écrivent bien, qui ont un talent, un potentiel. Et sur ces 4 ou 5 personnes , il y en aura peut-être une qui un jour arrivera à franchir le cap et encore c’est même pas sur . Je ne fais même pas partie de ces 4 ou 5 , je n’écrirai pas. Je continue de temps en temps à faire les ateliers mais en sachant que je fais partie de la masse qui écrit au burin et à la truelle…(je cite personne de la masse pas fou non plus hein… :D)

Mais surtout j’aurais voulu être musicien, faire de la musique. Pas accompagner des artistes ou composer, non juste reproduire des morceaux qui me plaisent. j’ai essayé avec un clavier mais j’étais pas doué.  Je voulais juste faire du Dépêche Mode sur des synthés. J’avoue que jouer du piano m’aurait plu aussi. Beaucoup. Certaines pianiste modernes m’émeuvent beaucoup, je parle pas des musiciens classiques qui me laissent aussi froids qu’un glaçon dans le congélateur.

En fait , l’artiste pour moi c’est cette nana sur la vidéo qui suit…certains souriront sûrement en regardant.

J’aurais voulu. Oui mais pour être artiste, il faut je crois une prédisposition, une petite étincelle. Peut être que je l’avais, que tout le monde là, je ne sais pas.  Mais il faut aussi être bon en technique : la peinture, l’écriture, la musique sont des techniques avant même d’être de l’art. Or, je suis sinistré en technique, vraiment, je me fais rire tout seul…je suis à peine capable de nouer correctement mes lacets. Après il faut aussi être créatif, vraiment créatif, avoir de l’imagination ne suffit pas. Enfin , il faut travailler, y passer du temps, encore et encore…et là si on n’y croit pas un minimum, c’est compliqué de s’y mettre.

Voilà, j’aurais voulu être un artiste, c’est raté, encore un raté.

Du coup, pour pouvoir faire mon numéro, j’ai  fait un blog.