La crique du Français de Daphné DU MAURIER (1941)

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Je serai en juin en Cornouailles, au pays de Daphné du Maurier, dans les villages qui sillonnent certains de ces romans, les romans dits de Cornouailles , je voulais les lire avant de marcher  sur les traces des personnages inventés par la romancière anglaise au sang à moitié  français…Avant de lire Ma cousine Rachel et l’ Auberge de la Jamaïque, j’ai commencé par La crique du Français.

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Résultat de ma lecture : un coup de coeur absolu pour cette histoire, qui n’est pas celle qui rencontra le plus de succès public ou critique, peut être jugée un peu trop romantique à l’époque, encore que par certains côtés elle est carrément punk, comme Daphné d’ailleurs !

Mais de quoi parle ce livre ?

Fuyant les mondanités londoniennes, Dona St. Columb, une jeune lady à la beauté fière et au caractère rebelle, s’est réfugiée au bord de la Manche dans sa résidence de Navron, dans la région des Cornouailles. Elle laisse  Sir Henry, son ennuyeux mari à Londres ainsi que Lord Rockingam, qui lui fait la cour, et se réfugie dans cette maison , avec ses deux  enfants et leur nounou.   Là-bas, au bout d’un chemin descendant par la forêt vers l’océan,  elle rencontre un pirate Français, qui pille les riches anglais du coin et  amarre son bateau dans une petite crique cachée de tous…et découverte par Dona.

Dans ce roman on retrouve tous les thèmes chers à l’auteur de Rébecca:

  • L’amour : La crique du Français est l’histoire d’une passion entre une jeune anglaise de 30 ans , bourgeoise, et un capitaine de bateau pirate breton séduisant et éduqué, spirituel…bref une histoire d’amour transgressive et condamnée par la bonne société.
  • Les éléments : j’ai souvent eu l’impression d’être en voyage ou en vacances dans cette Cornouailles à laquelle Daphné Du Maurier fut fidèle jusqu’à sa mort. L’auteur magnifie les descriptions des paysages, de la mer, de la rivière, des oiseaux marins, comme si le lecteur pénétrait dans un pays magique et  irréel.
  • L’aventure : imaginez cette lady anglaise s’embarquant sur La Mouette, le bateau de son amant , et se livrant à des forfaits de piraterie, déguisée en homme, au lieu de jacasser dans les salons londoniens avec son mari rabat-joie et ses amis insipides…transgression encore une fois.
  • Le suspens, à la fois au niveau de l’intrigue bien entendu, jusqu’au dernier chapitre Daphné du Maurier tient le lecteur en haleine, par son sens du récit inné et son savoir-faire pour maintenir la tension psychologique au maximum. J’aime beaucoup la fin aussi, qui est à l’unisson de celle de ses autres histoires.
  • La transgression, chère à l’auteur…mais je l’ai déjà dit !

Ceux qui, dans notre monde, veulent mener une existence normale , sont contraints par des habitudes, des coutumes, des obligations, qui finissent par tuer toute initiative , toute spontanéité. L’homme n’est plus alors qu’un engrenage, qu’une fraction de machine. Rebelle, hors la loi, libre de toutes chaînes, le pirate, par contre échappe aux règles humaines.

La Crique du Français est à mes yeux un roman parfait, comme Rébecca l’était même si Manderley et les De Winter ont bien plus marqué les esprits.  Je n’arrive pas à lui trouver le moindre défaut. Daphné Du Maurier allie une efficacité redoutable en tant que conteuse  à un style simple mais flamboyant, hautement romanesque et beau.

Le contentement est un état où le corps et l’esprit travaillent ensemble, harmonieusement, sans friction . L’esprit est en paix. Le corps également; ils se suffisent à eux-mêmes. Le bonheur est fugace, n’apparaît souvent qu’une fois dans une existence; il ressemble à l’extase.

Je ne peux que vous le conseiller et j’ai déjà hâte de lire les deux autres livres contenus dans ce recueil des romans de Cornouailles, il y a dans La crique du Français une mélancolie qui m’a séduit, celle des lieux, du bonheur…

Dana traversa le grand vestibule désert et se rendit au jardin. La demeure semblait déjà avoir perdu son atmosphère familière et pris un air d’abandon, comme si, dans sa vieille carcasse, elle sentait que les housses allaient recouvrir les meubles, que ses portes, ses volets, seraient bientôt fermés, verrouillés, que le soleil n’entrerait plus dans ses chambres, qu’elle ne se ferait plus l’écho de voix joueuses, de rires, que seuls les tranquilles souvenirs des choses passées flotteraient dans le mystérieux silence de son obscurité.  Pourtant, un fragment d’elle-même y demeurerait pour toujours : l’écho de ses pas, courant furtivement à la crique, la caresse de sa main appuyée à un arbre, l’empreinte de son corps dans les hautes herbes. Peut-être qu’un jour, aussi, au cours des années à venir, quelque voyageur solitaire , écoutant le silence comme elle-même l’avait si souvent écouté, percevrait le chuchotement des rêves que, sous le soleil ardent et le ciel bleu de cette mi-été, elle avait vécus en ce lieu.

Merci Daphné, je ne vois personne dans les romanciers de ma génération (ceux  que je connais bien entendu) pour proposer ce genre d’histoires avec autant de maestria.

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Les peintres bretons sont dangereux- Christian Pendélio.

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Aujourd’hui découverte d’un artiste peintre Breton :  Christian Pendélio.

Lors de vacances dans le Morbihan, il y a quelques années, nous avons par hasard découvert ce peintre à Auray, en descendant la vieille rue pavée qui mène au port de Saint Goustan.

Et on a adoré, au point de s’offrir quelques mois plus tard, non pas une oeuvre originale (déjà un peu chère pour notre budget de l’époque)  mais une lithographie numérotée et à tirage limité.

Ce qui m’a plu de suite, c’est les couleurs, avec beaucoup de bleu et de rose, avec  le plus souvent l’univers marin en toile de fond.

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Et puis surtout, j’aime ces représentations naïves et oniriques, ces personnages enfantins et magiques, récurrents dans les séries du peintre.

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C’est difficile d’expliquer pourquoi on aime.  C’est un ensemble de choses, une addition de sensations.

Aujourd’hui Pendélio a quitté son atelier d’Auray pour la région Parisienne.

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Et vous, que vous inspirent cet univers et cet artiste ?

Pour en savoir plus : Ici.

 

 

L’ombre de nos nuits de Gaëlle JOSSE (2016 )

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Les livres savent de nous des choses que nous ignorons.

Cette chronique se fait dans le cadre l’une lecture commune avec Asphodèle (qui m’a gâté encore une fois en m’offrant ce livre !). Par ailleurs, nous avons pu rencontrer Gaëlle Josse le 5 mars dernier, à la Chapelle sur Erdre, où elle venait recevoir un prix local pour son précédent livre , Le Dernier Gardien d’Ellis Island. C’est la première fois que je rencontrais une auteur en vrai !

Rencontre super intéressante, sur le travail d’écrivain, avec à la clé une dédicace pour le livre et une bise de l’auteur…et je vous conseille de lire la chronique de la Grande Prêtresse sur L’Ombre de nos nuits : Ici.

D’un côté il y a George de La Tour, qui peint un tableau en 1639, dans le duché de Lorraine, lequel ne fait pas  à l’époque partie du royaume de France.  Sur cette oeuvre, c’est Claude, la propre  fille du peintre, qui pose pour incarner la jeune femme (Irène)  qui soigne les blessures de Sébastien en lui retirant les flèches qu’il a reçues. Le maître de peinture est aidé par deux apprentis, son propre fils et aussi Laurent, un jeune orphelin qu’il a recueilli.

Je m’aperçois que la nuit, à la lueur d’une simple torche, d’un braséro ou d’une chandelle, tout s’apaise. la ferveur du jour s’est tue, notre frénésie ralentit, nos passions s’assagissent. Ne reste que l’essentiel, une main, un geste, un visage. C’est ce que je poursuis en peignant, et rien d’autre désormais. De l’obscurité émerge une étrange vérité, celle de nos coeurs.

De l’autre, , il y a une  narratrice qui en 2014 est saisie devant le tableau de George de La Tour, vu dans un musée à Rouen.  La scène représentée lui rappelle une histoire d’amour passionnée et unilatérale qui l’a beaucoup meurtrie dans le passé. Elle a vainement tenté elle aussi de retirer les flèches de son amour de l’époque.Elle se met alors à parler, à écrire à B, cet homme qu’elle a aimé puis perdu…

Il me semblait qu’enfin les méandres , les sinuosités, les replis de ma propre vie allaient , avec toi, se déployer, à la manière dont les jeunes gymnastes aux corps d’enfants, visages graves et justaucorps pailletés, déroulent un ruban fixé à un bâton en lui faisant décrire d’étourdissantes arabesques.

Voici le tableau : Saint Sébastien soigné par Irène.

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J’ai lu tous les romans de Gaëlle Josse et je dois dire que celui-ci est mon préféré. Pour ceux et celles qui la connaissent, j’y ai retrouvé la force de Nos vies désaccordées et l’efficacité narrative de Noces de Neige.

Les romans à deux voix ou deux époques sont légions mais celui-ci raconte en fait deux histoires à trois voix et l’apprenti du peintre invente avec brio les pensées de son Maître tout en livrant les siennes.

Ce qui m’a plu dans l’Ombre de nos nuits, c’est la sincérité et la force de la narratrice, qui confie à cet amour perdu et au lecteur par la même occasion, sa peine et son désenchantement vis à vis de cet amour à sens unique auquel elle a dû renoncer pour une question de survie personnelle.

Je sais que je ne t’ai pas perdu. Pour perdre, il faut posséder. Tes sentiments ne m’ont jamais appartenu, ni quoi que ce soit de toi. Mon regard scrute le tableau. Je vois les mains qui émergent de la nuit et semblent danser autour de la blessure, dans ce geste si limpide que je détourne les yeux, aveugle.

Le parallèle avec Irène, qui panse les blessures de Sébastien est joliment décliné, même si parfois, on se dit que la narratrice aurait pu finalement  occuper l’ensemble du livre, mais du coup, l’histoire n’était plus la même.

Tout est juste et beau dans ce livre, l’ambiance, le rythme, le style, les mots (qui parfois volent un peu haut pour moi mais j’ai l’habitude avec certains auteurs), les métaphores, au point que j’ai dévoré ce court texte, peut être un peu court d’ailleurs même si c’est une qualité d’être sobre et ramassé,  en seulement trois  séances de lectures.

L’histoire de Gaëlle Josse touchera tous ceux et celles qui ont eu au moins une fois dans leur vie, un vrai chagrin d’amour et tous ceux et celles qui sont sensibles à l’exploration des sentiments et de l’âme humaine.

Tout ce que les hommes ont inventé , tout ce qu’on nomme civilisation ou culture, ne sert qu’à tenir en laisse notre part sauvage, notre fulgurante envie, par moments, de dépecer l’autre et de dévorer son coeur encore palpitant. Je l’ai compris avec toi.

Et puis , cerise sur le gâteau, c’est aussi la possibilité de pénétrer l’univers de George De le Tour, son époque, sa famille, sa création d’artiste, ses doutes, ses joies. Je ne sais pourquoi, mais les romans qui s’appuient sur l’univers de la peinture font mouche chez moi, comme si les tonalités de  l’écriture se mariaient naturellement avec celles des couleurs du peintre.

Je vous suggère donc de lire L’ombre de nos nuits et de découvrir Gaëlle Josse avec ce roman, si vous ne la connaissez pas…c’est trois heures de bonheur garanti.

Et je termine cette looooooooongue chronique par ce passage que j’adore et qui à mon humble avis, est la meilleure quatrième de couverture pour présenter le livre, mais les éditeurs ou diffuseurs sont nuls pour les quatrièmes de couv en général…

Comment un peintre aborde-t-il un sujet ?Comme un nouvel amour ? Collision frontale ou lente infusion? La claque ou la pieuvre?Le choc ou la capillarité ? Plein soleil ou clair -obscur? Toi tu m’avais éblouie. Ensuite je me suis aveuglée. Pénétrer dans ton dédale, sans crainte, et découvrir des trains fantômes avec des squelettes qui tombent du plafond et vous prennent par la main en hurlant de dire. Réaliser qu’en fait il était possible à chaque instant d’arrêter la course hallucinée des wagons et de descendre. Il suffisait de la vouloir, mais c’est toi que je voulais.

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Loin des yeux, loin du coeur…

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On connait tous ce proverbe ou plutôt cet adage (ou cet aphorisme, cette locution): « Loin des yeux , loin du coeur ».

J’aime bien les pensées qui en quelques mots qui claquent, doivent avoir une signification forte . Aujourd’hui on parle de « Punch Line »  dans les médias.

Celui-ci, qui est d’origine latine (un obscur auteur dénommé Properce que personne ne connaît mis à part Martine et peut-être Aspho l’aurait écrit dans l’un de ses poèmes), ne me plaît guère, ni sur la forme ni sur le fond, mais hélas je crois qu’il n’y a rien de plus vrai.

L’éloignement géographique de deux personnes affaiblit l’affection qu’elles se portent, quelle que soit la nature de cette affection : estime, copinage, amitié, amour, passion…

Bien entendu, la locution latine en question utilise le mot coeur…c’est très interprétable: est-ce un sentiment superficiel ou bien un sentiment profond et durable dont il est question ?

Regardez au travail, des personnes sont là pendant des années, puis changent de région, d’employeur, partent à la retraite, on fait un hypocrite pot de départ et hop, un mois après, on ne se souvient même plus de la personne.

Regardez sur les blogs et sur FB, on est très proches de certains ou certaines et puis hop, bye bye le blog ou Bye Bye les réseaux sociaux et on n’a plus de nouvelles.

Vous allez me dire, oui mais là, c’est du  superficiel, c’est comme pour des voisins ou des cousins éloignés, on n’est pas dans un sentiment réel d’amour ou d’amitié.

Soit !

Alors regardons plus loin : Votre premier amour, vous êtes toujours en contact avec ou pas du tout ? Pourtant un premier amour, c’est important non ?  Les ami(e)s dans la vraie vie:  Ne vous êtes  jamais vous jamais éloignés de personnes avec qui vous partagiez votre intimité ?  C’est étonnant non, on se voit moins, officiellement on n’a pas le temps, trop de contraintes, trop de distances géographiques…on s’éloigne et un jour on ne  se voit plus du tout. Mais c’est à cause du manque de temps, pas du tout du manque d’envie, bien entendu…

Encore plus loin : L’amour , le vrai , le beau, le passionnel et son corollaire le chagrin d’amour, la rupture, le divorce, que sais-je encore. Prenons juste le cas d’un chagrin d’amour, disons l’un qui aime l’autre et qui se fait larguer ou parlons juste de  la passion qui s’arrête (c’est le propre de la passion, citez-moi une histoire d’amour passionnelle qui finit bien pour voir ! ) . Waouh, c’est atroce…sur le moment, puis la distance joue son rôle de sape et le tas de sublimes  lettres d’amours qu’on pensait garder avec soi toute sa vie, il part à la cheminée…sans jamais être relu ! WTF ??

Donc, l’amour, l’amitié, les liens sentimentaux en général, ils s’entretiennent, faute de quoi ils se brisent avec le temps. Oui mais alors, s’il faut les entretenir, c’est des sentiments contraints ? Or la contrainte est opposée au sentiment non ?? Vous me suivez ? Vous voulez une Aspirine ??

Moralité:  « le bonheur est impossible, l’amour n’existe pas, rien n’est grave » ! Autre aphorisme d’un poète des temps modernes,  Frédéric Beigbeder, le  La Rochefoucault du pauvre…ben oui le père François qui a pondu ceci, beaucoup plus optimiste pour terminer ce billet : « L’absence diminue les médiocres passions, et augmente les grandes, comme le vent éteint les bougies, et allume le feu. »

 

 

 

Gazette du blog – premier trimestre 2016

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Ce n’est pas le logo habituel mais c’est bien la première gazette du blog de 2016, celle du premier trimestre. Mais que diable s’est-il passé depuis le 15 décembre ? Et qui est en tête au top des commentatrices pour ce premier point 2016 ?

Au niveau des statistiques :

  • On tourne à 28 visiteurs par jour en moyenne et 56 visites mais les commentaires vont bon train, comme d’habitude. Vous avez fait tout péter le 30 décembre : record absolu de vues ce jour- là (181 visites), avec la parution de mon bilan de lecture 2015…bon pour un blog non littéraire qui parle aussi de livres mais pas que…ça ce tient !
  • Coté nouveaux venus concernant les pays, bienvenu au Sri Lanka, à Panama, au Burkina Faso, à la Moldavie (non ça existe ailleurs que dans Tintin ?) , à Haïti, à Monaco et à l’ Albanie…bref des pays pauvres et des paradis fiscaux…

Au niveau des évolutions de fond, car Mind The Gap est un blog de fond :

  • Un nouveau décor est venu avec un nouveau fond , et de nouvelles photos de nus féminins et incroyable, j’ai eu des louanges pour la première fois je crois, depuis que le blog existe…et voici la photo qui sert de bannière dans sa version intégrale…cropped-femmes-qui-lisent-1.jpg
  • Des articles sur la peinture sont arrivés…hé il semble que ça plaise aussi, ça tombe bien, je commence à m’intéresser à la peinture moderne, c’est à dire à partir du xix ième siècle pour moi…avant c’est la préhistoire…et à la peinture actuelle!
  • Le blog aura 5 ans le 5 juillet prochain et je compte bien proposer un nouveau jeu concours, plutôt que d’attendre Noël. Fêter les anniversaires d’un blog me va bien, contrairement à fêter des anniversaires d’êtres humains, qui est pour moi une aberration mais bon, ça permet d’avoir des cadeaux et j’aime les cadeaux , alors l’un dans l’autre 😀 . Je n’ai pas d’idée pour le moment pour ce jeu, je ne suis pas inquiet, je vais trouver mais si vous avez une suggestion…
  • Et puis, côté musique, il y aura désormais une play-list mensuelle, en début de mois !

Le Top des commentatrices de ces 3 derniers mois.

Et tout d’abord, je salue Sharon qui est sortie du classement, et à préféré rejoindre un improbable atelier curling…mais elle maîtrise le tourné boulé ! curling

Attention voici le défilé des sexy commentatrices de ce blog…et comme vous le savez , nous allons vers le printemps…

  •  6 ième  du classement, comme il y a 3 mois,  Miss Louise, la reine des poivrons , même si c’est pas évident sur ce gif-là…femme sexy 2
  • 5 ième du classement, avec une place en moins, Miss Soène, alias la Lyonaise qui mange du Lion au petit déjeuner ! Remarquez cette souplesse féline dans le mouvement…femme sexy 5
  • 4 ième du classement, et c’est le gadin du trimestre, Miss Monesille, qui boit donc trop de camomille et pas assez de tisane aphrodisiaque…quoi que…quand elle prend la pose…femme sexy 6
  • 3 ième du classement, et c’est un retour fracassant pour celle qui a clairement l’ambition d’être numéro 1 sur l’année 2016 (elle l’a écrit dans un commentaire ! ), j’ai nommé Miss Phili , qui n’hésite plus à se jeter à l’eau…femme sexy 3
  • 2 ième du classement, toujours en position d’embuscade et médaille d’argent, celle qui se fait passer pour une vraie blonde (ici on l’aperçoit dans les répétitions pour son prochain spectacle…il va faire chaud dans les refuges de montagne), Miss Emilie !femme sexy 4
  • Et enfin, la première du classement de ce trimestre, celle qui a résisté à tout  (de la disparition des diligences à l’avènement de Maître Gims)  et qui reprend sa place de top commentatrice top sexy  , imperturbable , et  top coordonnée dans ses mouvements faciaux :  Miss Aspho ! Yeap !femme sexy 1

Merci à vous, aux autres commentateurs et commentatrices, aux lecteurs inconnus, aux abonnés,  à Michel Drucker, et rendez-vous dans 3 mois !

 

 

 

Vos luttes partent en fumée…

étoile filante

Voici ma participation au cinquantième épisode plumesque d’Asphodèle. Et ce mois-ci, sur le thème de la célébrité, il fallait utiliser les mots : Vedette, fragiliser, fortune, film, projecteur, fumé, paparazzi, fanfreluche, réputation, prétention, chanteur, oublier, local, gros, météorite, étoile, talent, chaleur, lumineux, diva,  barricader et moi.

Je n’ai pas utilisé le mot météorite.

Je n’ai jamais rien fumé, ni cigarette, ni gros pétard, ni moquette ,  pas même  un jambon, et pourtant la vie m’a joué un vrai tour de cochon.

En effet, à  ma  naissance, un jour de pleine lune, ma mère me chantait :  » Stasera la luna ci porterà fortuna, la luna ci porterà… » , persuadée la pauvrette que j’étais né sous les meilleurs auspices, veillé par la diva des étoiles, et que je deviendrais la star que tout le monde s’arracherait.

Et maintenant qu’elle a rejoint la vedette des cieux et que c’est le meilleur hospice local qui  m’attend les bras ouverts, je revois  sans prétention le film de ma vie barricadée , avant d’avoir tout oublié. Je ne suis jamais devenu une star, pourtant j’ai essayé, mais le destin n’a pas voulu.

En effet, le seul coup de projecteur sur moi, fut hélas celui qui s’écrasa sur  mon visage , ce soir de gala à Saint Sulpien – Le – Bretonneux, et ruina d’un seul  coup  mon statut de chanteur pour midinettes boutonneuses,  ingrates, ou ménagères de plutôt plus de  cinquante ans – le Frank Michael  du pauvre si vous voyez ce que je veux dire…

Brûlé au troisième degré, ma réputation naissante de joli coeur portant costumes et fanfreluches  fut fragilisée à tout jamais, anéantie devrais-je dire, mais l’homme, fut-il naturiste, aime se voiler la face…

Sans prétention, mon physique était alors  bien  plus abouti que mon talent  et ma carrière embryonnaire  devint alors plus filante qu’un aligot .

Sur le coup les journaux locaux firent les gros titres de cet accident rarissime et comment dire…lumineux, luminescent, irradiant en somme.

Après cela, seul le paparazzi s’étant occupé des cas de Niki Lauda et de Michael Schumarrer publia quelques photos de ma face de pain grillé cramoisi…chacun son fétichisme après tout, je lui dois les seuls clichés jamais publié de moi dans un journal national.

Depuis ce  funeste jour , plus de galas ni de conquêtes féminines.

Ma mère s’était trompée.

Ceci dit, la pauvrette aurait dû avoir des doutes, naître le jour de la Saint Barthélemy ne pouvait conduire qu’à un massacre…

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Dora Bruder de Patrick MODIANO (1997)

dora bruder

Patrick Modiano tombe un jour de 1988, sur une annonce parue en 1941 dans un journal Parisien : « PARIS. ON RECHERCHE une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans, 1 m. 55, visage ovale, yeux gris marron, manteau sport gris, pull-over bordeaux, jupe et chapeau bleu marine, chaussures sport marron. Adresser toutes indications à M. et Mme Bruder, 41, boulevard Ornano, Paris. »

Dora Bruder est le récit de l’enquête menée par l’écrivain pour reconstituer les éléments de vie de cette jeune fille juive, qui sera assassinée à Auschwitz en 1942 comme des centaines de milliers d’autres…après plusieurs fugues.

 » Il faudrait savoir s’il faisait beau ce 14 décembre, jour de la fugue de Dora. Peut-être l’un de ces dimanches doux et ensoleillés d’hiver où vous éprouvez ce sentiment de vacance et d’éternité – le sentiment illusoire que le cours du temps est suspendu, et qu’il suffit de se laisser glisser par cette brèche pour échapper à l’étau qui va se refermer sur vous. »

Pour moi, il n’est question ici que  de mémoire, de laisser une trace de cette existence , de cette vie sacrifiée pour rien. Ce livre n’est pas roman, je dirais même que ce n’est presque pas un livre mais un reporting précis d’une recherche minutieuse , quasi policière, du narrateur , pour reconstituer le parcours de Dora.

Pour ne pas oublier cette vie dérisoire, car le dérisoire est une partie de l’universel et la mémoire se doit de servir l’humain dans sa globalité.

A cette recherche, se mêlent des éléments réels de la vie de Patrick Modiano, puisque ce qu’il apprend sur Dora Bruder, ses parents et les arrestations de 1942 à Paris résonnent avec ses origines et sa propre trajectoire. Le père de Modiano était en effet juif, mais il échappa aux ennuis grâce à des appuis auprès des allemands et finit par faire du marché noir pour survivre après avoir dû se cacher pour éviter les ennuis . Ce père que Modiano n’a pas connu ou très peu de par ses absences,  et qu’il a lui même décidé de ne plus voir du tout bien après la guerre.

En somme, Dora Bruder est  pour moi, une auto-fiction publiée lorsqu’on  ne débattait pas stérilement de l’utilité de ce procédé en comparaison avec le fictionnel.

Celui qui n’ a jamais lu Modiano pourra être dérouté par Dora Bruder, mais ceci est vrai pour les trois autres livres que j’ai lus de lui.

Et comme pour les autres, j’ai lu très rapidement ce court texte, sans comprendre pourquoi j’avais envie d’aller au bout , pourquoi j’étais pris dans ce récit, pourquoi cette jeune fille devenait mon obsession de lecteur durant quelques heures, quelques journées…

C’est le mystère Modiano, que j’ai du mal à cerner. Je vais me procurer une biographie de l’auteur si l’en existe, très probablement même s’il n’a que 71 ans aujourd’hui, à défaut, une analyse de ses livres.

Et si lire Modiano, c’était:

« Comme se trouver au bord d’un chant magnétique , sans pendule pour en capter les ondes… »

Dora Bruder est souvent considéré comme l’un des titres phare de Patrick Modiano, peut être l’un qui permet de mieux comprendre sa quête…je ne sais pas mais j’aime beaucoup ce passage là:

 » J’ai écrit ces pages en novembre 1996. Les journées sont souvent pluvieuses. Demain nous entrerons dans le mois de décembre et cinquante-cinq ans auront passé depuis la fugue de Dora. La nuit tombe tôt et cela vaut mieux : elle efface la grisaille et la monotonie de ces jours de pluie où l’on se demande s’il fait vraiment jour et si l’on ne traverse pas un état intermédiaire, une sorte d’éclipse morne, qui se prolonge jusqu’à la fin de l’après-midi. Alors, les lampadaires, les vitrines, les cafés s’allument, l’air du soir est plus vif, le contour des choses est plus net, il y a des embouteillages aux carrefours, les gens se pressent dans les rues. Et au milieu de toutes ces lumières et de cette agitation, j’ai peine à penser que je suis dans la même ville que celle ou se trouvaient Dora Bruder et ses parents, et aussi mon père quand il avait vingt ans de moins que moi. J’ai l’impression d’être tout seul à faire le lien entre ce Paris de ce temps-là et celui d’aujourd’hui, le seul à me souvenir de tous ces détails. Par moments, le lien s’amenuise et risque de se rompre, d’autres soirs la ville d’hier m’apparaît en reflets furtifs derrière celle d’aujourd’hui. »

Play list du moi(s)

dj

Bon amis lecteurs et lectrices, si vous êtes allergique au piano-voix, passez votre chemin !

Le piano « sec » avec une jolie voie féminine , je crois que c’est ce que je préfère en somme.

Je vous ai choisi 3 morceaux que j’aime.

A toute seigneure tout honneur, le premier morceau est  » Nous souviendrons nous de nous  » de la reine Mylène. Enregistré au Stade de France en 2009 avec le majestueux Yvan Cassar à l’accompagnement. C’est l’une de mes chansons préférées, peut-être même dans le top 3, avec ces mos-là :  » Nos vies sont des larmes d’aquarelle, nous ne sommes reliés qu’à nous-même ».

Le second morceau est la reprise  du méga tube mondial de David Guetta, interprété par Sia à l’origine, Titanium. Ici il s’agit d’un cover de la belle Madelyn Bailey, qui pour le moment ne fait que des reprises de tubes internationaux mais je suis certain qu’un album est en préparation…

Et pour terminer, ma chouchoue pour le piano voix,  même si ici il y a 3 instruments et 3 voix, c’est la jolie Danoise Agnès Obel, que j’ai eu la chance de voir une fois en live à Carcassonne, c’était cette tournée là. Le titre c’est  « Fuel tu fire », extrait de son second album sorti en 2013, la vidéo est pas terrible mais elle restitue l’ambiance du concert. Vivement le prochain, ça vient pas vite…

La prochaine play-list, on branche les instruments pour aller vers de l’électro !

 

Le coeur cousu de Carole MARTINEZ (2007)

coeur cousuComment résumer ce livre de Carole Martinez, publié en 2007, qui fut un succès critique et public  et qui constitue une véritable épopée ?

En cherchant sur le net,  j’ai trouvé cette présentation : c’est l’histoire sur trois générations de femmes espagnoles unies par le mystérieux pouvoir de la couture. L’héroïne, Frasquita, s’est vue transmettre par sa mère un coffret à couture. Mal mariée à un forgeron qui se prend, au propre comme au figuré, pour un coq, mère de cinq filles et d’un fils tous dotés de pouvoirs surnaturels, Frasquita finira par fuir son village avec ses enfants. Pris dans les tourbillons de l’histoire, les exilés se retrouveront au coeur d’une terrible bataille entre une bande d’anarchistes et l’armée régulière espagnole qui les obligera à traverser la Méditerranée et à se réfugier en Algérie française.

Je dois dire que j’ai connu deux temps à la lecture de Coeur cousu : Tout d’abord, j’ai été subjugué par le début de l’histoire, par la belle écriture de Carole Martinez, travaillée et flamboyante tout en restant humble, par ce mélange de vie réelle, de légende, de surnaturel et d’aventures.  J’ai trouvé quelques similitudes avec Le Soleil des Scorta de Laurent Gaudé, lu juste avant et que j’ai adoré.

J’ai été touché par ces portraits de femmes, par leur force et aussi leur humanité dans l’adversité.

 » J’ai pleuré ma beauté flambée, j’ai pleuré la couleur passée de mes yeux. Il y avait de l’eau encore dans ce grand corps sec. Les larmes se sont glissées dans mes creux. Le sel et la saison ont rougi tous les plis. On s’habitue à vivre enfermée dans un corps de vieillarde. J’aurais tant aimé qu’il y eut plus d’arbres! L’automne ici ensanglante ce qu’il peut. »

J’ai été happé par cette histoire, avec cette couturière, artiste talentueuse qui coud les robes ,les coqs, les humains, les coeurs  et avance coûte que coûte.

« Et ses mains, vous ai-je jamais parlé de ses mains ?
Les mains des conteuses sont des fleurs agitées par le souffle chaud du rêve, elles se balancent en haut de leurs longues tiges souples, fanent, se dressent, refleurissent dans le sable à la première averse, à la première larme, et projettent leurs ombres géantes dans des ciels plus sombres encore, si bien qu’ils paraissent s’éclairer, éventrés par ces mains, par ces fleurs, par ces mots. »

Et puis, à un moment donné, le charme s’est rompu. L’histoire m’est devenue ennuyeuse, les rebondissements  trop nombreux et je n’ai pas retrouvé l’éclat du style de Carole Martinez sur le dernier tiers du roman. Comme s’il y avait un essoufflement, si l’auteur devait finir une robe en puisant  sur  les restes trop tenus d’une bobine de fil.

En résumé, c’est un livre de grande qualité, original, fort et sensuel  mais c’est un livre trop long, avec ses trois  parties,  peut-être pour faire comme les grands romans anglais du dix-neuvième siècle publiés en trois  volumes.

A vouloir trop travailler le style  , trop enrichir l’histoire, trop dérouler le fil des évènements, l’ouvrage m’a finalement  semblé un peu décousu sur le dernier tiers.

En somme, je suis à la fois agréablement surpris et aussi un peu déçu de n’avoir pas pu rester enthousiaste jusqu’au bout de ce livre. J’ai très envie de lire le second roman de Carole Martinez, Du Domaine  des murmures (qui est à la maison et que La Douce est en train de lire) et qui fait 200 pages de moins…ainsi j’aurais un autre avis…ou pas !

Je remercie et j’embrasse miss Phili, (mon Lama préféré), qui m’a offert ce livre.