Un grand merci et un gros bisou à Marie qui m’a offert ce livre !
Lénu et Lila ont maintenant 17 ans au début du tome 2. C’est le passage dans la vie de jeune adulte qui est décrit dans le Nouveau Nom. Lila s’est mariée après avoir dû choisir antre plusieurs prétendants, son mariage est catastrophique, elle prend un amant, puis elle a un enfant. Elle ne reste pas loin de son quartier d’origine, mais dans un plus beau quartier, et travaille dans les épiceries de son mari, ou le magasin de chaussure des Solara, les associés mafieux de Stéphano.
Lénu, elle, a eu son bac et elle part étudier à l’université à Pise. Elle n’a pas de prétendants et sa première fois sera une douloureuse expérience. Elle a une relation avec un garçon érudit gravitant autour de l’université, elle fera deux voyages à l’étranger et petit à petit se détachera de son quartier misérable et de Lila…mais l’été les vacances à Ischia avec elle seront l’occasion de retrouvailles et de rebondissements douloureux…
A l’heure où vous lisez ces lignes, sachez que j’ai juste terminé le volume 3 de la saga d’Eléna Ferrante car j’ai tout simplement adoré Le nouveau nom. Cette suite est encore mieux que l’Amie prodigieuse. Ce qui fait la grande force du livre et son côté addictif, est bien la relation entre ces deux jeunes femmes, faite d’amour et de haine, et dans ce volume, cette relation devient vraiment passionnante pour le lecteur.
Elle m’expliqua que je n’avais rien gagné, qu’il n’y avait rien à gagner dans le monde, que sa vie était pleine d’aventures diverses et déraisonnables, exactement autant que la mienne, que le temps s’écoulait sans avoir de sens, et que c’était bien de se voir de temps à autre pour entendre le son fou du cerveau de l’une résonner dans le son fou du cerveau de l’autre
Comment Lénu et Lila, nées quasiment le même jour au même endroit, peuvent-elles à ce point être différentes et à ce point liées comme des jumelles de coeur que pourtant tout oppose dans leur recherche d’émancipation.
C’est la passion et l’amour qui vont prendre les commandes de cette suite, alors forcément Le nouveau nom m’a enchanté !
(attention, si vous être en train de lire le 1 ou le 2 , passez l’extrait suivant sinon vous serez au courant de l’un des rebondissements…)
Soudain je compris pourquoi je n’avais pas eu Nino et pourquoi Lila, elle, l’avait eu. Je n’étais pas capable de m’abandonner à de véritables sentiments. Je ne savais pas me laisser entraîner au delà des limites. Je ne possédais pas cette puissance émotionnelle qui avait poussé Lila à tout faire pour profiter de cette journée et de cette nuit. Je demeurais en retrait, en attente. Alors qu’elle, elle s’emparait des choses, elle les voulait vraiment, se passionnait, jouait le tout pour le tout sans criante des railleries, du mépris, des crachats et des coups. Bref, elle avait mérité Nino, parce qu’elle considérait que l’aimer, cela voulait dire essayer de l’avoir et non espérer qu’il la veuille.
Il est difficile d’expliquer ce que j’aime autant dans cette histoire. J’ai du mal à en parler. Peut-être simplement qu’ Eléna Ferrante s’avère être une merveilleuse conteuse d’histoire et c’est finalement assez rare. Elle parvient parfaitement à inventer ses souvenirs car il est certain pour moi qu’elle a emprunté une partie des chemins qu’elle trace avec bonheur dans Le nouveau nom.
En somme , c’est une belle histoire, une histoire d’hier (et d’aujourd’hui) très bien menée et pleine de surprises. A chaque page ou presque, il y a quelque chose de puissant qu’on n’arrive pas à saisir mais qui nous touche. C’est sur les sentiments qu’ Eléna Ferrante est la plus forte même si l’arrière plan du livre est foisonnant, on peut y voir un portrait social de l’ Italie des années 60, de la condition d’étudiant, de la place de la femme dans la société (c’est un roman féministe qu’on se le dise et le tome 3 en fonce le clou d’ailleurs ) et j’en passe…
Mais avant tout c’est le destin de Lénu et Lila, ce fil tendu entre elles qui se fissure mais ne rompt jamais…
Or, c’est Lila qui rend l’écriture difficile. Ma vie me pousse à imaginer ce qu’aurait été la sienne si mon sort lui était revenu, à me demander ce qu’elle aurait fait si elle avait eu ma chance. et sa vie surgit constamment dans la mienne, dans les mots que j’ai prononcés et derrière lesquels il y a souvent un écho des siens, dans mon geste déterminé qui est la transposition d’un de ses gestes, dans mon habitude d’être en deçà qui correspond à sa manière d’être au-delà, dans mes tentatives d’aller au-delà qui exagèrent ses façons d’être en deçà.
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