Dorian Gray est un jeune aristocrate anglais, beau et riche, brillant en société. Il se lie d’amitié avec Basile Hallward, un peintre reconnu, lequel immortalisera la beauté juvénile de Dorian, dans un portrait particulièrement réussi. Dorian Gray va rencontrer Lord Henry, un ami du peintre. Surnommé Harry, c’est un cynique décadent et provocateur, qui va avoir une influence déterminante sur la jeune Dorian. Il lui fait prendre conscience que sa beauté sera éphémère et qu’il doit accomplir tous ces désirs sans tarder. Dorian Gray formule alors le voeu que ce soit son portrait qui se flétrisse et qu’il garde ses traits de jeune adulte indéfiniment.
Il y a longtemps que je voulais lire ce livre, le seul roman écrit par cet auteur classique anglais. Je dois dire que je n’ai pas été déçu, c’est assurément un grand livre, mais je n’ai pas non plus adhéré totalement au style et à la forme du roman.
Si j’ai vraiment apprécié le côté subversif et décadent du livre, ce qu’il pouvait avoir de choquant et d’immoral à sa sortie, j’ai parfois eu l’impression que Wilde avait construit son histoire uniquement pour en découdre envers la société de son époque. J’ai adoré ces aphorismes assassins et drôles.
La beauté réelle finit où commence l’expression intellectuelle. L’intelligence est, par sa nature, une sorte d’hypertrophie. Elle détruit fatalement l’harmonie d’un visage.
La seule différence entre un simple caprice et une passion éternelle , c’est que le caprice dure un peu plus longtemps.
L’humanité se prend trop au sérieux. C’est le péché originel de notre monde. Si l’homme des cavernes avait su rire, le cours de l’histoire eût été changé.
Mais certains propos ouvertement misogynes m’ont gênés, on peut clamer son attrait pour les hommes dans forcément baver sur les femmes, même si c’est de la bave brillante.
Le seul charme du passé, c’est qu’il est le passé. Mais les femmes ne savent jamais quand le rideau est tombé. Elle veulent toujours un sixième acte. C’est quand l’intérêt de la pièce est épuisé qu’elles demandent le plus fort qu’on la prolonge. Si on les écoutait, toute comédie aurait un dénouement tragique, et toute tragédie s’achèverait en farce. Elles sont délicieusement artificielles mais elles n’ont aucun sens de l’art.
Il n’y a rien au monde, j’en ai bien peur, que les femmes apprécient autant que la cruauté, la franche cruauté. Elles ont des instincts étrangement primitifs. Nous les avons émancipées : elles n’en restent pas moins des esclaves en quête d’un maître. Elles aiment à se sentir dominées.
Il n’y a pas de génies féminins. Les femmes forment un sexe purement décoratif . Elles n’ont jamais rien à dire, mais elles le disent d’une façon charmante . La femme représente le triomphe de la matière sur l’esprit, comme l’homme représente le triomphe de l’esprit sur la morale.
Si Dorian Gray est la figure idéale pour promouvoir l’art comme supérieur à tout et faire le parallèle entre la vie réelle et la création des oeuvres , j’ai trouvé que cette histoire originale et métaphorique, aurait peut-être mérité d’être mise plus en valeur. L’idée de base est géniale, le portrait de Gray qui vieillit et marque le mal commis par son modèle à sa place, mais elle est un peu recalée par les théories savantes et intello que l’art et parfois la vie.
En somme, j’ai trouvé chez Oscar Wilde du brio et de la provocation, de l’originalité et des passages lyriques de toute beauté, mais aussi des répétitions, beaucoup de prétention et un peu d’auto-dérision pour aboutir à la définition d’un idéal.
Un jour, votre teint sera blême, vos joues hâves, vos yeux ternes. Vous souffrirez abominablement. Ah ! tant que la jeunesse est à vous, demandez-lui tout ce qu’elle peut donner. Ne dissipez pas l’or de vos jours.N’allez pas écouter des fadaises, rêver le soulagement d’irrémédiables infortunes, vous consacrer au service d’êtres vils, , ignorants et vulgaires. Voyez là le rêve maladif, le faux idéal de notre temps. Vivez la vie merveilleuse qui est en vous ! Que rien de votre être ne soit perdu, soyez sans cesse à l’affut de sensations nouvelles. Ne reculez devant rien !
Tout au long du livre on voit Dorian évoluer et pas pour le meilleur. L’auteur nous emmène dans les méandres de la noirceur de l’âme . Jusqu’où peut-on aller, uniquement face à soi-même ? Une histoire de bien et de mal, inspirée mais bavarde…
Le Portrait de Dorain Gray restera un beau souvenir de lecture mais j’en resterai là avec Oscar Wilde (de toute manière ses essais et pièces de théâtre ne me tentent pas).
Un dernier passage…que je trouve génial.
Nous nous remplissons l’esprit d’un tas de niaiseries, dans le vain espoir d’assurer notre prestige. Le Monsieur qui sait tout à fond : voilà l’idéal d’aujourd’hui. Et pourtant, quelle horreur que l’esprit du monsieur qui sait tout à fond ! On dirait la boutique d’un marchand de bric à brac. Ce n’est que poussière et monstruosités, et tout y est côté au dessus de sa valeur.
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