
La vérité est comme le soleil. Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder (Victor Hugo, cité dans le texte par l’un des personnages).
Nous sommes au Havre en 1940. La mobilisation a eu lieue. Puis la guerre qui n’en était pas une, puis la capitulation française…l’arrivée de Pétain au pouvoir, le Général en exil, puis la collaboration, puis l’épuration, puis les combats et les destructions, puis l’attente du débarquement allié, puis la libération et la capitulation finale de l’ Allemagne. La seconde guerre mondiale.
Dans la ville Normande, il y a Muguette, dont le mari est prisonnier quelque part en Allemagne, et ses deux enfants, Joseph et sa petite soeur Marline, qui ne parle plus depuis la mobilisation, excepté à Joseph. Et puis il y a Emelie, la soeur de Muguette, ses deux enfants ,Lucie et Jean, et Joffre son mari, démobilisé après la débacle française et ne jurant plus que par le Maréchal , au grand désaroi d’ Emelie.
Cela fait un an que j’ai envie de lire Par amour et de retrouver Valérie Tong Cuong pour la quatrième fois. Et enfin, mon envie s’est réalisée et voilà que ce roman est non seulement mon préféré des quatre mais encore un vrai coup de coeur.
Alors bien sur, Valérie est dans la grande tendance de ses deux ou trois dernières années, à savoir créer des personnages et une intrigue fictionnelle et romanesque, à partir d’un contexte historique et d’une recherche historique bien réelle. Mais elle fait le job à merveille. Ce livre est addictif dès les trois premières pages et l’auteur prouve que c’est une grande raconteuse d’histoire, capable de créer des personnages complexes et de les faire vivre avec émotion et brio.
On retrouve bien entendu dans Par amour, une forme d’optimisme, de bienveillance voire de valeurs chrétiennes qui peuvent parfois irriter . On se dit aussi, que Valérie Tong Cuong appuie là où ca fait mal pour le lecteur, que c’est attendu, mais c’est tellement bien fait que ça passe.
Le temps et l’absence n’ont rien à voir avec l’amour, Muguette, ce qui compte, c’est ce qui le fonde. Parfois il se fonde sur une erreur d’appréciation, on croit aimer une personne, mais on aime un rêve, un désir, un idéal, quelque chose que l’on porte en soi depuis toujours et on affuble l’autre qui, souvent, s’y prête volontiers. C’est si flatteur ! Seulement à la première occasion, au premier effort, lorsque les masques tombent, l’autre apparaît tel qu’en lui-même, et rarement celui que l’on croyait aimer, l’amour devient alors sans objet, l’amour devient désillusion.
J’ai apprécié aussi, le style choral qui est l’un de mes procédés d’écriture préféré chez les auteurs de ma génération. Et puis, ce rappel historique m’a permis d’embrasser la guerre sur toute sa longueur et m’a donné envie d’aller au Havre, et c’est pas forcément évident , même quand on aime la mer et l’océan.
En somme, je me suis régalé, le suspens est présent jusqu’à la fin même si la révélation finale, qui m’a bien surpris, n’apporte finalement pas une plus-value au roman.
Alors à Noël, si vous ne savez pas quel roman offrir, celui-ci sera parfait, il renferme tout ce que l’on attend d’un belle histoire, sans fioriture ni prétention. Comme le dit Emelie:
» nous ne faisions pas partie de ces bourgeois qui ampoulent leurs phrases pour afficher leur supériorité ».
Pensez à rajouter un paquet ou deux paquets de kleenex, (4 pour toi Emilie si tu le lis…mais je parie que tu aimerais beaucoup…) pour les lecteurs ou lectrices les plus sensibles même si, ceux qui connaissent Valérie Tong Cuong savent que le happy-end l’emporte toujours !
J’ignorais qu’il faut traverser ce genre d’événement tragique – la perte de ce que l’on a de plus précieux au monde -, pour mesurer ce que le corps et l’âme ressentent, ce trou indescriptible au milieu de soi-même
Et vivement le prochain roman !

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