
Ben en fait ça raconte Sarah, une jeune femme violoniste exubérante et terriblement vivante, qui un soir, chez des amis communs va rencontrer la narratrice du livre. Les deux femmes se lient d’amitié jusqu’au moment où Sarah lui avoue qu’elle est follement amoureuse d’elle. Cet amour étant partagé, une passion amoureuse va exister entre les deux femmes, dévorante, excessive…une passion quoi, jusqu’au jour où, forcément, ça va partir en vrille.
Les jours qui suivent, je ne pense qu’à ce qui s’est passé,les images vont et viennent derrière mes paupières dès que je ferme les yeux. Je ne pensais pas toucher un jour le corps d’une femme, aimer ça à la folie au point d’y penser sans arrêt, nuit et jour. Elle ne quitte pas mon esprit. Elle me hante, nue, sublime, un fantôme qui fait gonfler mes veines,larmoyer mon sexe. C’est une révélation, une lumière, une épiphanie.
C’est un premier roman, comme une première passion.
Cela raconte une passion, une vraie, une genre Belle du Seigneur mais en plus soft ou plus moderne.
Ça raconte ça, un tout petit matin dans une nuit noire de janvier, les éclairages orangers des réverbères, les rues sombres des Lilas, la silhouette de Sarah, cette silhouette telle que je la connais, avec sa boîte de violon sur le dos et ses deux jambes toute frêles en dessous, la valise qu’elle tire du bras droit, une capuche sur la tête. Elle ouvre un peu la bouche, pour recevoir des flocons sur la langue, elle rit, elle a le nez rouge, elle a du blanc sur les cils, elle me parle et elle dit c’est trop beau hein mon amour.
Du coup, sur le thème , c’est très banal et sur le traitement, aussi finalement et comment faire autrement ? Il y a la présentation rapide des personnages, la narratrice à l’existence toute tracée, plutôt morne, classique, prof, avec une fille et Sarah, artiste de musique classique, reconnue dans son art et totalement foutraque, bruyante, déjantée. Puis vient la rencontre, les premiers moments passés ensemble, puis vient l’histoire d’amour…jusqu’au point de rupture.
Elle est morte. Je ne suis pas sûre. Mais je crois qu’elle est morte, une nuit de printemps. Un printemps presque comme un autre, un printemps à rendre mélancolique n’importe qui. C’est moi, qui l’ai tuée. Je ne suis pas sûre. Mais je crois que c’est moi qui l’ai tuée. Elle disait qu’elle ne m’aimait plus.
Oui mais voilà, pour ce premier roman, Pauline DELABROY-ALLARD arrive à harponner le lecteur dès les premières phrases et à ne pas le lâcher jusqu’à la fin sans quasiment aucun répit ni temps mort.
L’auteur retranscrit dans ses mots et dans sa façon d’écrire le côté obsessionnel de cet amour féminin. Il y a des répétitions de mots voulues, des lights-motifs qui reviennent sans cesse dans l’histoire. Avec des respirations façon Wikipédia pour reprendre son souffle. C’est un style un peu hypnotique qui m’a fait penser de loin à Nina Bouraoui ou Simonéta Greggio.
Ca raconte Sarah raconte la passion amoureuse entre deux femmes mais ce n’est pas le sujet du livre, je veux dire que cela soit deux femmes,et si le récit est bien plus charnel que sensuel, on n’est pas dans du sulfureux mais dans du fougueux.
La dérive de la relation est restituée à merveille, surtout dans la seconde partie qui toutefois m’a laissé un peu interrogatif sur le destin de Sarah, on peut imaginer plusieurs hypothèses la concernant, contrairement à la narratrice.
En résumé, Pauline DELABROY-ALLARD qui a passé un an à écrire ce roman, et a attendu encore plus longtemps avant de l’envoyer parLla Poste à quelques éditeurs qu’elle apprécie, a vraiment bien fait de franchir le pas. J’ai beaucoup aimé cette lecture et c’est pour moi un coup de coeur.
Et pour finir, cette petite pensée…
La mer est comme la peau du ventre d’une femme qui aurait eu plusieurs enfants.

Vous devez être connecté pour poster un commentaire.