Et si c’était vrai…

Je suis en train de lire La Servante Ecarlate. Je ne vais pas faire de chronique sur ce monument que tout le monde connait, c’est fort, puissant, glaçant…bien écrit (et traduit ).  Une charge contre la religion enfin le fanatisme de la religion  et peut être contre le patriarcat, même si ce n’est pas ce qui ressort après avoir lu le tiers du roman.

Simplement, j’ai repris comme titre de cet article celui du premier roman de Marc Lévy, sorti il y a presque 20 ans, Et si c’était vrai ?

Je ne vais pas divulgâcher  (oui ça existe, c’est parait-il la traduction française de spolier) l’histoire pour ceux qui ne l’ont pas encore lue ou vue à la télé mais simplement recopier la première phrase de la quatrième de couverture:

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles.

Ben, si on enlève le tout début de la phrase, elle n’a rien inventé, ça existe déjà, il suffit de voir l’Etat Islamique par exemple. Bon c’est vrai qu’elle a écrit son livre en 1985, et que l’organisation de la société du livre, effroyablement décrite, n’existe pas, c’est donc bien une dystopie mais quand même, elle n’invente pas tout.

Ce qui cloche avec le monde actuel, c’est que nous ne sommes pas en situation de chute drastique de la fécondité. Enfin globalement. C’est même le contraire, il y a trop de natalité d’un point de vue écologique, bien plus que la planète ne peut le supporter. Mais j’ai entendu que certains pays asiatiques revenaient sur leur politique de l’enfant unique. Et puis, chez nous et dans beaucoup de pays riches, les couples ont de plus en plus de problèmes de fécondité.

Si on rajoute que les extrémismes ne sont jamais aussi bien portés, partout et quels que soient leur nature, ben je me dis Et si c’était vrai ? Pas tout de suite bien entendu, mais dans 100 ans, 200 ans ? Et si Margaret Atwood avait écrit un livre prophétique ?

Bon assez parlé, je retourne au livre…j’ai hâte de lire la suite !

Optimiste pessimiste…

J’ai entendu à la radio un  sujet sur une étude américaine qui concluait qu’une personne optimiste pouvait gagner 10% d’espérance de vie par rapport   personne pessimiste. Tiens donc ! Si tu es né(e)orphelin , que tu as passé ta vie dans les foyers d’accueils , pas fais d’étude, découvert que tu étais atteint d’une maladie incurable rare et que tu es chômeur de longue durée, tu vivrais moins vieux que si tu es jeune, beau, riche et heureux en ménage ?

OK je caricature et bien entendu les chercheurs qui ont mené l’étude disent avoir isolé tout ce qui était de l’ordre de la santé, du social, de la dépression etc. Ils ont fait remplir un questionnaire costaud aux sujets de leur étude (probablement des gens de 50 ou 60 ans)  et 30 ans après, ils ont regardé ce qu’étaient devenues les personnes.

Mais je m’interroge quand même, parce que je pense qu’on ne choisit pas d’être optimisme ou pessimiste. Ce que l’on sait, c’est que l’optimiste va développer peu d’anxiété,donc de mauvais stress, lequel joue sur la durée de vie en bonne santé. Sauf que pour moi, la nature anxieuse est un peu innée : on l’est ou on ne l’est pas au départ, et cela fait une grande différence entre deux personnes qui auraient un parcours de vie similaire.

C’est l’histoire du verre à moitié vide ou à moitié plein, et encore tout dépend du degré d’exigence que l’on se fixe en regardant le verre !

Et puis, je me dis qu’au fond, l’optimisme est la même chose que le pessimisme. Les deux ne sont en fait que du réalisme en fonction du parcours de vie qu’on a. Qu’on le veuille ou non, en avançant dans la vie on fait des sortes de bilans et on a des raisons objectives d’être optimiste ou pessimiste. Ces attitudes se fondent sur du réel, sur sa propre réalité et au fond se rejoignent.

Il reste que les optimistes sont chiants en général alors que les pessimistes sont drôles…dans les romans mais aussi parfois dans la vie. Il ne faut jamais rien figer dans le marbre et généraliser de manière absolue, la preuve, regardez Balkani, c’est sans doute le politique le plus optimiste qui soit, et il est hyper drôle non ??

Le dernier des nôtres d’Adélaïde De CLERMONT-TONNERRE

Hello, le bar est ouvert et pour recommencer, une fois n’est plus coutume, je vais vous parler d’un coup de coeur de lecture estivale. Pas « Le » méga coup de coeur mais un coup de coeur quand même !

Adelaïde de CLERMONT TONNERRE nous raconte une belle histoire, une vraie, bien construite et joliment écrite, sans fioritures particulières, juste des mots simples mais qui claquent quand il le faut.

Le dernier des nôtres raconte l’histoire de Werner Zilch, dans les années 70 à New-York, lequel essaye de faire fortune dans l’immobilier avec son associé et ami de toujours, Marcus. Werner rencontre un jour Rébecca, dont il va tomber follement amoureux. Mais Werner est un enfant adopté au terme de la guerre, il ne sait rien de ses origines biologiques et donc de ses vrais parents. Et l’auteure va remonter le temps et peu à peu rapprocher les années 40 et les années 70 et reconstituer l’histoire de Werner…

Le mal existe, les sadiques aussi. N’allez pas leur chercher d’excuses, ils n’en ont pas. C’est leur tempérament profond. Ils prennent leur plaisir dans les blessures qu’ils infligent. Il faut les fuir ou si vous en avez les moyens, les abattre, parce qu’en tant qu’être sensible, vous avez des limites que ces gens n’ont pas

Le dernier des nôtres passe du style comique et décontracté (récit des années 70) au style glaçant et noir (récit des années 40) avec facilité et brio. J’ai noté peut-être quelques longueurs sur la vie Newyorkaise, j’avais envie de savoir…et pour savoir, il fallait  aller jusqu’au bout du roman. Il y a un beau suspens et Adélaïde de CLERMONT-TONNERRE arrive  à maintenir l’intérêt jusqu’aux dernières pages, avec des rebondissements crédibles car mesurés.

Les personnages principaux, au nombre de 7, sont tous bien « réels » et existent chacun à leur tour au fil des mots.  Les 450 pages du roman se lisent vite et facilement et ont le mérite de faire déconnecter le lecteur, ce qu’on attend d’un livre au minimum. Je pense que Le dernier des nôtres ferait un très beau film de cinéma si un réalisateur talentueux s’emparait du projet.

Ce passage,  résume bien le personnage de Werner et le fond de l’histoire du livre:

Je croyais au pouvoir infini de la volonté et j’étais résolu à me forger un monde à la force du poignet. Je ne savais pas d’où je venais. A qui je devais ce visage taillé à la serpe, ces yeux délavés, ma crinière sable, ma taille hors norme qui m’obligeait à me plier, genoux au menton, dans les bus et au cinéma. J’étais libre de tout héritage, de tout passé, je me sentais maître de mon avenir. L’envie de prouver qui j’étais, l’envie que mon nom trop souvent moqué inspire le respect et, s’il le fallait, la crainte, me brûlait.

En conclusion, un beau moment de lecture de cet été 2019 et un succès en librairie amplement mérité !

On croit souvent que les êtres timides et effacés sont gentils alors qu’ils sont simplement faibles. Ils vous égorgeront dès que l’occasion leur en sera donnée pour se venger de leur propre médiocrité.

Et vous, un coup de coeur littéraire cet été ?