Olivia Billington : interview.

logo interviews de MTGAprès Jean-Philippe Blondel (Ici), je poursuis ma petite série d’interview d’auteurs.

Aujourd’hui, la parole est donnée à Olivia Billington. Elle n’a pas la notoriété de Blondel (pas encore…) , mais cela fait un bout de temps qu’elle trace son chemin d’écrivain dans sa Belgique natale.  Certains ici la connaissent bien par son blog, ses écrits  et son ancien  atelier d’écriture  » Des mots une histoire ».

Olivia Billington

1) Vous écrivez depuis l’âge de 8 ans, vous souvenez-vous du point de départ, ou du contexte qui vous a mené vers l’écriture ?
Pas précisément. Toute petite déjà, les livres m’attiraient. Apprendre à lire et à écrire fut un véritable bonheur, je pouvais enfin consigner mes histoires dans un petit carnet. Les quatre filles du Dr March, de Louisa May Alcott, m’a beaucoup marquée. Je l’ai lu à de multiples reprises, toujours avec le même plaisir. L’une des héroïnes, Jo, rêve de devenir écrivaine. Je m’identifiais très fort à elle…

2) Question bateau mais au fond, pourquoi écrire?
Parce que je ne peux pas m’en passer. L’écriture, c’est ma bulle, là où je me sens vraiment libre, là où je me réinvente.

3) Qu’est ce qui vous a poussé à passer du statut d’écrivain pour soi à celui d’écrivain publié?
J’ai toujours écrit pour être lue, pour partager mes histoires. Je ne me suis donc jamais posé la question : pour moi, il était logique d’avoir l’espoir d’être un jour publiée.

4) Qu’est ce qui pour vous est le plus excitant ou intéressant dans votre métier et à contrario, qu’est ce qui est le plus lourd, le plus rébarbatif?
Le plus excitant, c’est quand je suis réellement plongée dans la rédaction, que j’ai fait connaissance avec mes personnages et qu’ils me racontent leur histoire. Quand les mots s’enchaînent, et que je suis, véritablement, dans mon monde, et que j’aimerais que ça ne s’arrête pas. Le plus rébarbatif, c’est de devoir reprendre complètement un texte, n’en garder que l’idée et tout recommencer. J’ai horreur de ça. Heureusement, ça n’arrive pas souvent. Et il y a aussi l’attente des retours des éditeurs. Quand plusieurs mois s’écoulent avant d’obtenir une réponse, la patience est mise à rude épreuve. Même si on finit par s’y faire…

5) Quelle est votre actualité littéraire ?
Un recueil collectif dans lequel une de mes nouvelles (Insatiable reflet) est au sommaire vient de paraître aux Editions du 38. J’en parle ici. Un autre de mes textes a été sélectionné pour parution dans un prochain numéro de Muze le Mag. Je peaufine les corrections d’un roman de fantastique, en ai commencé un humoristique et je viens de terminer une novella qui m’a été commandée.

6) Quand on écrit et qu’on travaille comme vous sur plusieurs projets à la fois, a-t-on plus envie de lire qu’avant ou au contraire moins?
J’ai peu lu ces trois dernières années (à peine une dizaine de livres l’année passée), pour différentes raisons : pratiques et personnelles. Mais ce n’est pas lié à mon activité d’écriture.

7) Pouvez-vous nous parler d’Olivia la lectrice?
J’affectionne les romans sombres, les polars mais je m’octroie aussi parfois des lectures rose paillettes, qui font du bien, ou des récits de littérature générale, souvent francophone. Je lis aussi en anglais.

8) La question un peu bateau mais qui me parait inévitable : sans langue de bois, pouvez-vous nous dire votre dernier coup de cœur littéraire et votre dernière cruelle déception?
Comme ça fait longtemps que je n’avais plus pris de plaisir à lire, ce n’est pas facile de répondre à cette question. Je ne parlerai pas de coup de cœur, mais … La faiseuse d’anges de Camilla Läckberg. Je n’ai tout d’abord pas réellement accroché au style, mais ensuite l’histoire m’a complètement emportée. Et, contrairement à mon habitude, je n’ai pas deviné tous les rebondissements – c’est donc une auteure dont je lirai les autres ouvrages. Ma déception concerne la série de Janet Evanovich, avec son héroïne chasseuse de primes. J’en suis au vingtième tome et les intrigues ne me passionnent absolument plus, même le triangle amoureux qui était si excitant au départ s’essouffle. C’est dommage, parce que j’ai eu de nombreux fous rires avec la première dizaine de tomes.

9) Vous voyez-vous encore écrivain dans les 10 prochaines années, aimeriez-vous ne vivre financièrement que des droits d’auteur ?
L’écriture fait partie de moi, il m’est inconcevable d’imaginer ma vie sans elle. Même si parfois je doute, je me dis que je vais tout abandonner, trois minutes plus tard j’y reviens. C’est un rêve, oui. Utopique, très certainement, mais ça me permet d’avancer.

10) A la fin de son émission Bouillon de culture(s), Bernard Pivot posait ce questionnaire à ses invités. Pouvez-vous y répondre spontanément ?
– Votre mot préféré? Arc-en-ciel.
– Le mot que vous détestez? Résignation.
– Votre drogue favorite? Le chocolat.
– Le son, le bruit que vous aimez? Le rire – surtout celui de mes enfants.
– Votre juron, gros mot ou blasphème favori? J’en invente, mais ils sont trop idiots pour être dévoilés.
– Homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque? Picsou.
– Le métier que vous n’auriez pas aimé faire? Dentiste ou un travail à la chaîne, répétitif.
– La plante, l’arbre ou l’animal dans lequel vous aimeriez être réincarnée? Une panthère noire.
– Si Dieu existe, qu’aimeriez-vous, après votre mort, l’entendre vous dire? « Tous ceux qui vous ont manqué sont là, derrière cette porte. »

Merci à Olivia et rendez-vous bientôt avec un autre écrivain !

 

Jean-Philippe BLONDEL : Interview à l’occasion de la sortie de son nouveau roman « Un hiver à Paris ».

logo interviews de MTGJ’inaugure aujourd’hui une nouvelle catégorie d’articles où je propose de publier des interviewes de personnes en lien avec les livres.

Pour lancer cette série, j’ai le plaisir de pouvoir vous proposer une interview de Jean-Philippe Blondel, qui vient de publier son nouveau roman, Un hiver à Paris, chez Buchet-Chastel (01 janvier 2015)

blondel u hiver à Paris

Blondel est avec Delphine de Vigan, l’auteur dont je me sens le plus proche, je m’identifie à chaque fois à ses personnages, j’aime ses histoires et son humanité, je n’ai jamais été déçu quel que soit le titre lu, et Un hiver à Paris sera mon  sixième livre de Jean-Philippe Blondel (je ne l’ai pas encore, mais j’en parlerai ici-même dès que ce sera fait).

Jean-Philippe Blondel figure sur mes étagères avec les titres uivants :

  • Accès direct à la plage (2003)
  • This is not a love song (2007)
  • Le baby-sitter (2010)
  • G 229 (2011 – pas encore lu)
  • Et rester vivant (2011)
  • 6h41 (2013)

blondel photoMTG : En 2003 sortait votre premier roman (Accès direct à la plage). Le 01 janvier 2015 vient de sortir  Un hiver à Paris édité chez Buchet-Chsatel. Quel est votre sentiment au moment de la sortie de ce nouveau roman,  ce sentiment est-il différent de celui de 2003?

JPB: Oui et non. C’est la même angoisse et le même bonheur (et je suis toujours surpris quand mon éditrice accepte mon manuscrit), mais j’ai davantage de recul. En vérité, je suis encore étonné d’être là, publié, douze ans après. J’étais tellement persuadé que personne ne voudrait me publier…

MTG:  Un hiver à Paris aborde une nouvelle fois les failles et les blessures, la chute et la guérison des êtres humains mais pouvez-vous nous en dire  un peu plus (je n’ai pas encore lu le livre)?

JPB: On tourne toujours autour des mêmes thèmes, mais l’angle d’attaque varie. Plus j’avance et plus je m’aperçois que ce qui me fait vibrer en littérature, ce sont les personnages, leur humanité ou leur inhumanité. Vous voyez, je tourne autour du pot parce qu’en fait, non, je n’ai pas envie de dévoiler quoi que ce soit 

MTG: Vous dites avoir porté ce livre longtemps en vous ? Plus longtemps que  » Et rester vivant » sorti en 2011 et  qui s’inspirait de faits autobiographiques?

JPB: Pratiquement autant de temps. Trois décennies pour pouvoir rendre justice à un cri qui me réveille encore parfois la nuit. Un Hiver à Paris marche sur un fil entre les éléments autobiographiques et le roman. Il y a des rencontres que je n’ai pas faites, mais dont j’aurais aimé qu’elles se produisent.

MTG: En incluant les livres jeunesse, les romans et un recueil de nouvelles, vous avez publié 19 livres en 10 ans . D’où vous vient cette frénésie d’écriture ?

JPB:J’écris une heure par jour, tous les jours – en fait, j’ai besoin d’écrire pour….trouver ce que j’ai envie d’écrire (je suis incapable de faire un plan, par exemple). A raison de 2 pages par jour, cela fait plus de 700 pages par an – mais dedans il y a beaucoup à jeter. En fait…je n’ai pas l’impression d’écrire beaucoup…

MTG: Vous êtes professeur agrégé d’Anglais et vous enseignez à Troyes. Vous définissez-vous comme un enseignant qui est  aussi écrivain ou comme un écrivain qui est  aussi enseignant?

JPB:Tout dépend si on considère « écrivain » ou « ‘écrivain publié ». Je suis avant tout écrivain, parce que j’écrirai jusqu’à ma mort. Mais je suis avant tout, dans le domaine professionnel, enseignant et ensuite écrivain publié mais la réponse à la question suivante va vous éclairer.

MTG: Avez-vous déjà été tenté par ne plus faire qu’écrire et si oui, lorsqu’on est comme vous  un auteur à succès sans toutefois atteindre les ventes de best sellers, est-il possible en France de ne vivre que des droits d’auteur ?

JPB: Non. J’ai deux passions dans la vie, l’enseignement et l’écriture, et je ne me vois pas sacrifier l’une à l’autre. Je n’ai pas du tout envie de ne faire qu’écrire, probablement parce que j’ai besoin d’avoir des joies et des désillusions professionnelles, d’échanger avec mes collègues et mes élèves, de ce bouillonnement de vie qu’est un lycée. Donc, je ne me pose pas la question de vivre de mes droits d’auteur. Par ailleurs, cela serait très aléatoire, et je ne veux pas que de la littérature dépende ma vie quotidienne, et surtout celle de ma famille:

MTG: On connaît (un peu) Jean Philippe Blondel l’écrivain, pouvez-vous nous parler de Jean-Philippe Blondel le lecteur ?

JPB:Je lis environ 80 romans par an, exclusivement des romans, très peu de science-fiction ou de policiers. Je lis environ la moitié de ces romans en anglais et l’autre en français. Il s’agit en très grande majorité de romans qui viennent de paraître ( et que je tiens à acheter, je reçois très peu de services de presse ou d’exemplaires envoyés par mes collègues), même si, depuis quelques temps, l’été souvent, je comble mes lacunes classiques.

MTG :Quel est votre dernier coup de coeur littéraire ?

JPB: Le Lydie Salvayre ( eh oui !). C’est ma fille cadette qui me l’a offert pour Noël et je trouve ce récrit à la fois vindicatif et jouissif, d’une grande liberté de ton. Vraiment, c’est un Goncourt enthousiasmant.

MTG: Modiano vient d’obtenir le Nobel pour l’ensemble de son oeuvre, que vous inspire cet écrivain?

JPB: C’est ma référence ultime, avec Proust. Il raconte toujours la même histoire et c’est pourtant à chaque fois différent. Quand un Modiano sort, je l’achète dans la journée et je le lis dans la nuit. C’est comme recevoir une lettre d’un ami.

MTG: Un hiver à Paris est maintenant dans les librairies, il y a 500 livres qui sortent lors de cette rentrée littéraire de janvier , que peut-on souhaiter à tous ces auteurs , y compris vous-même ?

JPB: La réponse aurait été très différente avant  le 7 janvier. Aujourd’hui, ce que je souhaite à tout le monde, c’est de vivre dans un monde apaisé et de tenir le coup. Honnêtement, avec ce qui est arrivé il y a 2 semaines, la rentrée littéraire est passée au second plan, et c’est tant mieux. Ce que je peux souhaiter à tous les auteurs, c’est de savoir entretenir la flamme de la fiction et de nous créer des espaces chaleureux, les romans, dans lesquels nous pourrons encore nous réfugier quand le chaos du monde nous blessera.

Un grand merci à Jean-Philippe Blondel à qui je souhaite le meilleur pour son nouveau roman.

blondel u hiver à Paris