
Vous vous souvenez peut-être que j’ai adoré le livre de David Foenkinos, Charlotte, sorti en 2014. Ce roman est son plus gros succès en grand format, à tel point qu’il n’est pas encore sorti en poche.
Non seulement, j’ai renoué avec l ‘auteur que j’avais laissé de côté, un peu lassé par ses histoires trop semblables , et qui a radicalement changé de sujet et de style littéraire . Mais encore, il m’a transmis à défaut de son obsession, au moins sa passion pour Charlotte Salomon, cette jeune peintre juive allemande , exterminée dans une chambre à gaz à 26 ans.
En relisant Charlotte, dans cette belle édition illustrée d’une soixantaine de gouaches de l’artiste, j’ai pu apprécier d’autant plus les phrases de David Foenkinos, étant donné que je connaissais déjà l’histoire de la vie de Charlotte.
Je me suis seulement rendu compte de ce paradoxe terrible : alors que son père , sa belle-mère et le seul amour de sa vie l’ont poussée à venir se réfugier en France, à Villefranche sur Mer, afin d’échapper à la barbarie nazie, elle mourra dans un camp d’extermination, suite à une dénonciation d’un bon français, alors que son père, sa belle mère, réfugiés aux Pays Bas et l’amour de sa vie, Alfred, réfugié à Londres, survivront à la guerre. Quelle triste ironie du sort.
Si vous voulez en savoir plus sur Charlotte, vous pouvez retrouver ma chronique sur ce magnifique bio pic romancé de David Foenkinos : Ici et une chronique sur la biographie de Charlotte Salomon : La jeune fille et la mort.
Ci dessous, j’ai associé neuf phrases de David Foenkinos avec neuf gouaches de Charlotte Salomon, extraites de son unique et monumentale oeuvre, » Vie ou théâtre ». Les phrases n’ont pas de lien avec les peintures, puisque ces peintures étaient liées aux mots de Charlotte et non à ceux de Foenkinos, sauf pour la dernière.

Les mots n’ont pas toujours besoin d’une destination.
On les laisse s’arrêter aux frontières des sensations.
Errant sans tête dans l’espace du trouble.
Et c’est bien le privilège des artistes : vivre dans la confusion.
Certains corps sont des consolations.

Une révélation est la compréhension de ce que l’on sait déjà.

Les pessimistes ont fini à Hollywood, et les optimistes à Auschwitz (Billy Wilder)

On peut tout quitter sauf ses obsessions.

Seul le silence peut soutenir la marche des survivants.

Progressivement, elle fait tout plus lentement :manger,marcher,lire. Quelque chose ralentit en elle. Sûrement une infiltration de la mélancolie dans son corps. Une mélancolie ravageuse,dont on ne revient pas. Le bonheur devient une île dans le passé, inaccessible.

La véritable mesure de la vie est le souvenir.

Où est la vie ?
Où est le théâtre ?
Qui peut connaître la vérité ?
La dernière peinture est saisissante de force.
Charlotte se dessine face à la mer.
On la voit de dos.
Sur son corps, elle écrit le titre : Leben ? oder Theater ?
C’est sur elle-même que se referme l’œuvre dont sa vie est le sujet.

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