Virginia Woolf : Biographie par Viviane Forrester.

virginia WoolfC’est le troisième livre que je lis sur Virginia Woolf, qui m’intéresse, voire me fascine un peu, même si je ne suis pas parvenu à la lire, malgré deux tentatives sur deux livres différents.

Ici il s’agit d’une vraie biographie, écrite par Viviane Forrester, qui touche à beaucoup de genres littéraires différents et qui est depuis toujours passionnée par Virginia . Son livre a d’ailleurs obtenu le Prix Goncourt de la biographie.

Même si le style  d’écriture de Viviane Forrester ne m’a pas séduit, la construction de la biographie et sa restitution de l’existence de cette grande dame de la littérature anglaise  sont réussies et hyper intéressantes. Et surtout, l’auteur donne quelques clés nouvelles et d’autres versions que les biographies habituelles. C’est cela dont je vais parler ici.

Tout d’abord, le rôle de Léonard Woolf, son unique mari avec qui elle resta jusqu’à son suicide en 1941 est remis en question par l’auteur. On découvre que Léonard était lui même très noir et perturbé avant de la rencontrer et qu’il ne s’agissait pas  d’un mariage d’amour. Que ce mariage lui permettait de fréquenter le monde d’intellectuels auprès de qui il aspirait à évoluer, étant lui même auteur, éditeur et intellectuel mais pas de la trempe ni du  milieu de Virginia Woolf. Et Viviane Forrester, démontre que sous couvert de protection de Virginia, prétendue menacée de folie irrémédiable à chaque instant, Léonard Woolf exacerba totalement l’écrivain tout en écrasant la femme, la condamnant à la chasteté conjugale et à ne pas avoir d’enfant pour ne pas plonger Virginia dans la folie.En somme, il vénéra l’auteur au point de sacrifier sa propre carrière d’écrivain mais brida la femme.

Viviane Forrester nous peint une Virginia Woolf non pas frigide comme le veut sa légende, mais au contraire tellement désireuse sexuellement que ses partenaires (notamment Léonard et sa maîtresse Vita Sockeville) , ne voulurent plus lui faire l’amour.

L’on découvre aussi qu’en effet Virginia souffrait de maniaco dépression (cela on le savait) mais que ses crises étaient toutes justifiées par des évènements tragiques de sa vie, comme l’inexistence de sa mère auprès d’elle , la mort de son frère mais aussi celle de son père, pour qui Virginia nourrissait peut être un amour au delà de l’amour filial, lequel  père eut un comportement incestueux avec sa belle-fille, à la mort la mère de Virginia , parce qu’elle ressemblait physiquement à elle dans sa prime jeunesse.

Enfin, Viviane Forrester décrit le milieu de naissance et les amis de Virginia Woolf et l’on découvre une Virginia élitiste, volontiers méchante et cynique avec ses pairs, conservatrice et ouvertement anti-sémite comme il était de bon ton de l’être dans les milieux bourgeois et intellectuels anglais dans les années 30.

Et d’ailleurs, sur la question juive, on retrouve toute la complexité du personnage : Léonard est juif…il est respecté en tant l’intellectuel, auteur et éditeur mais pas en tant qu’homme et en tant que juif. Et même si Virginia a ouvertement combattu Hitler et sa haine des juifs, au point de décider de se suicider avec Léonard si jamais les allemands envahissaient l’ Angleterre, ce numéro d’équilibriste dans le couple fut lourd à tenir, pour tous les deux.

Au final, Virginia Woolf qui connut un succès fulgurant dès ses premiers livres , laisse une oeuvre riche et dense, complexe et pas facile d’accès lorsque on ne connait pas sa vie car elle a peut être inventé l’auto-fiction moderne.

Alors que la guerre sévissait de plus belle et que Virginia avait été mise à l’abri et à l’écart de sa vie londonienne par son mari Léonard, afin de la protéger, elle choisit de mettre fin à sa vie en se jetant dans la rivière Ouse, les poches remplies de pierres. Virginia  était fascinée par l’eau sous toutes ses formes. Léonard ne s’était pas rendu compte que loin de tout, sa femme dépérissait et pour le coup était vraiment menacée de folie…et pourtant, entre Virginia et Léonard, il y eut une forme  très forte d’amour, mais pas celui qui épanouit les être humains.

Et pour terminer, cette chanson en hommage à Virginia Woolf, écrite par Mylène Farmer en 2004.

36 réflexions sur “Virginia Woolf : Biographie par Viviane Forrester.

  1. Un magnifique billet .. comme toi Virginia Woolf me fais un peu peur .. donc j’hésite à la lire .. mais une grande partie de ce que tu décris, je l’ai lu dans un roman (les heures) parlant d’elle, écrit par Michael Cunningham, très bien fait et une lecture très digeste.

  2. Jamais relue depuis la fac et franchement je ne sais pas si j’aurais envie de retenter, même après un tel billet. Cette bio, même si tu dis qu’elle est honnête et documentée ne me tente pas plus que ça. V. W. semble avoir eu toutes les caractéristiques d’un bon personnage de fiction, mais j’ai du mal à m’intéresser à la vie d’un auteur si je n’ai pas vraiment d’intérêt pour sa littérature. Je reconnais, pour l’avoir étudié, que son style est très intéressant et particulier, mais il ne me touche pas au point d’en faire une lecture plaisir. Et comme j’ai décidé de ne plus faire que dans le plaisir …. 😉

  3. sous les galets

    Je te le dis franchement, je ne suis pas forcément convaincue par ses biographiques qui décortique à ce point l’intimité d’un auteur énorme. J’ai l’impression qu’il faut que ce soit le plus sensationnel, énorme et déviant possible pour qu’elle se démarque des autres. Là quand même l’auteur en fait une enfant incestueuse (plus vendeur qu’une fille attachée à son père), une sorte de nymphomane que personne ne veut plus toucher (c’est visiblement plus émoustillant que la femme frigide) etc….
    Sur quelles sources l’auteur se base-t-elle pour affirmer de telles choses ? Je ne sais pas quels sont les documents qui peuvent attester de cela finalement ? Je m’interroge vraiment.
    Parce que c’est fascinant, cette histoire de mari qui façonne et stimule un écrivain tout en empêchant la femme d’exister (moi j’avais entendu que Virginia ce voulait pas être mère), donc voilà, quelle est la crédibilité d’un tel ouvrage?
    Je ne dis pas qu’il n’est pas fiable, mais je veux bien que tu me parles des sources utilisées.
    Des bises

    1. Il y a 8 pages de sources ! Elle est partie des bios  » familiales  » officielles et elle montre qu’elles reflètent une image erronée. L’auteur est passionnée par Virginia Woolf, elle a décortiqué ses lettres, son journal intime, a rencontré plusieurs fois certains membres survivants de sa famille…elle a même organisé des manifestations autour de l’auteur avec eux etc etc. je la crois très sincère et très fouillée cette biographie…passionnante et qui sait, peut être que grâce à ce livre, j’arriverai un jour à lire Virginia et à comprendre ce que je lis…ou pas !
      Bises Galinette !

        1. je reviens ici pour la réécouter encore et encore ! Franchement, je l’aime vraiment beaucoup. Je trouve l’interprétation de Mylène tout en finesse. Je comprends ton attachement à cette chanteuse, elle est capable de très beaux textes et les accompagne de musiques entêtantes. Bisous

          1. Merci…oui et le grand public ne connait pas toujours ce côté là de la chanteuse, avant tout c’est une littéraire, hyper cultivée et amoureuse des mots. Les musiques c’est son compère depuis toujours, Laurent Boutonnat !

    1. Donc tu as lu cette bio…qui est un vrai travail d’analyse et de recherche, j’ai vraiment beaucoup appris sur Virginia Woolf, l’écriture du livre ne m’a pas tellement plu mais c’est secondaire finalement !

  4. Un seul essai pour ma part avec Virginia Wolf … »vers le phare » difficile à suivre ce livre …
    Ton billet donne envie de connaître mieux cette auteure …
    Bisessss

    1. Oui Val, très difficile à suivre et à comprendre…très très intellectualisé et pourtant elle ne fait que raconter sa vie en quelque sorte mais sa vie n’était pas simple et surtout son esprit était torturé…

  5. Mais bien sûr que ça nous intéresse ton article…
    Surtout Virginia Woolf ! Quels sont les livres que tu n’es pas parvenu à lire ?
    J’aime beaucoup son écriture, quant à moi, même si c’est romans sont assez ardus à lire. Mrs Dalloway est une belle réflexion sur la dichotomie des êtres et sur les conventions sociales.C’est le seul que j’aie lu, mais tu me donnes envie de m’y replonger.
    Bises Mindounet
    ¸¸.•*¨*• ☆

    1. J’ai essayé La promenade au Phare et un autre dont j’ai oublié le titre, qui n’était pas Miss Dalloway. En effet, je veux bien croire qu’il s’agisse de dichotomie des êtres…
      Bises Célestine !!

  6. Poussin, tu parles tout seul maintenant ??? Tu as une chanson de ta Mylène pour chaque circonstance ? 😆 Ça devient une habitude ! Je le trouve très intéressant ton billet et les biographes ont un dur travail d’investigation à accomplir, ce n’est pas facile ! Comme toi, je ne suis jamais arrivée à lire Virginia Woolf (un seul truc mais qui date) et j’ai ré-essayé deux années de suite « La traversée des apparences », impossible, limite j’ai du mal à comprendre… J’aime les biographies quand elles donnent envie de lire l’auteur, là, je ne sais pas si celle-ci m’encouragerait à lire (relire) Woolf, somme toute névrosée (on le savait) mais en plus, pas très sympathique …

    1. Oui quand je n’ai aucun commentaire en début d’après midi (traduire, quand je publie un article qui fait chier tout le monde… 😀 ) je m’auto commente et je m’auto réponds…c’est pas la première fois !!
      En fait, ce livre est surtout une charge contre Léonard Woolf et le père de Virginia. Mais L’auteur qui est passionnée et aime Virginia Woolf ne l’épargne pas non plus sans aller jusqu’à la rendre déplaisante. Une personne brillante, l’une des féministes de son époque aussi et un auteur prolixe et à succès…de quoi fasciner !
      En effet, on ne comprends pas ce qu’elle raconte mais maintenant que j’en sais vraiment plus sur sa vie, ses névroses et son entourage, peut être qu’une fois je retenterai !!
      Bises et à plus tard !

        1. Haaaa tu es bien urbaine et naïve aussi… hi hi hi !! C’est facile pour faire des articles qui marchent, il suffit de parler de la bloguo…je le fais aussi hé hé bon puis Virginia Woolf à la base, c’est pas vendeur, en biographie encore moins…c’est le jeu ma pauvre Lucienne !! Bises Grande Prêtresse !!
          C’était mon moi anglais …warf !!

          1. Je ne suis ni urbaine ni naïve !!! 😉 Je sais, depuis le temps, les articles qui « marchent » comme tu dis et je m’en tamponne un peu. Maintenant quand je fais un billet, j’estime que c’est un exploit, alors commenté pas commenté… Et puis il n’y a pas que la qualité d’un billet qui amène du monde, tu le sais aussi bien que moi !!! Après… on fait comme on veut et surtout comme on peut ! 😀

  7. Voici un phrase de Virginia :  » C’est écrire qui est le véritable plaisir ; être lu n’est qu’un plaisir superficiel ». Elle tombe bien à propos pour cet article qui n’intéresse personne…warf 😀

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